du 11 au 15 février 2015:
L’île de Chiloe, grande comme la Corse, est célèbre au Chili pour ses dizaines d’églises en bois classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, pour son folklore riche de légendes et créatures étranges (le Trauco…) et pour sa pluviométrie record… Cette ile fière, restée longtemps isolée du reste du Chili , voit peu a peu ses eaux envahies par des dizaines d’usines aquacoles. Cette activité aux effets environnementaux controverses permet cependant au Chili de se placer parmi les premiers exportateurs mondiaux de saumon.
Au cours de la traversée en ferry qui nous permet de rejoindre le nord de Chiloe, nous observons dauphins, lions de mers et pélicans planant juste au dessus de la surface de l’eau et faisant la course avec les cargos partant au large.
A peine débarqués, nous découvrons avec surprise un panneau directionnel indiquant la ville de Manao. Je ne vous cache pas l’irrésistible envie de notre grand garçon de découvrir une ville portant son nom!!! Après quelques kilomètres, nous entrons dans un village dont les édifices affichent fièrement le nom : escuela Manao, capilla Manao… L’excitation est a son comble dans le camping car ! Nous pique niquons finalement sur la plage de Manao en observant des dauphins chassant à quelques mètres de la rive.
Nous rejoignons ensuite la principale ville du nord de l’Ile : Ancud.
Un arrêt au port nous permet d’apprécier le produit de la pêche locale (barracudas, saumons, moules et autres coquillages…). Nous craquons pour un demi saumon (2,5kg sans arêtes) pour seulement 3,5 euros !!! Ok il s’agit probablement d’ un saumon échappé d’une ferme aquacole et engraissé aux farines animales… On est loin de l’image du saumon sauvage du Pacifique ayant nagé librement dans les fjords chiliens, mais nous nous en délectons cependant comme de l’un des premiers poissons frais mangés depuis le début de notre voyage. Nous le mangeons en ceviche (spécialité chilienne de poisson cru mariné dans le citron et agrémenté d’orange, de courgettes, de poivrons et de gingembre: merci Agnès et Alexandre).
Le temps maussade puis pluvieux accentue le caractère sombre de la ville avec ses rues encadrées de maisons sans couleur et sans vie. Les quelques personnes s’aventurant au dehors marchent rapidement, protégées sous les auvents ou les terrasses des habitations.
Nous passons notre première nuit sur une plage à l’abri de dunes qui se révèleront, le lendemain, un superbe terrain de jeu pour les enfants ravis de s’y aventurer et d’y observer les oiseaux.
En pénétrant plus au sud de l’île, nous y admirons son paysage caractéristique, un doux relief constitué d’ une succession de collines tantôt boisées, tantôt couvertes de prairies. On se croirait en Irlande…
De la côte orientale se détachent de multiples îles de tailles variables formant de larges baies propices à l’aquaculture. Un petit air du golfe du Morbihan… Pas très dépaysant tout ça!
Nous décidons de découvrir la petite île de Lempuy. Le bac part de la jolie ville de Chonchi aux ruelles escarpées, aux maisons anciennes en bois et au front de mer propice aux balades.
Nous mettons le pied sur Lempuy que nous traversons sur son unique route, sinueuse et accidentée. La plupart des églises en bois qui en font la réputation sont malheureusement fermées. Par chance, nous réussissons à pénétrer dans celle de Dietif à l’extrémité est de l’ile.
L’eau cristalline et le soleil au zénith suffisent aux enfants pour braver la fraîcheur de l’eau.
Une fois de retour sur Chiloe, nous décidons de faire enfin face au plus grand océan du monde, le Pacifique.
Un halte au parc national de Chiloe nous déçoit un peu. On y traverse une végétation de région humide qui ne nous surprend guère. Nous nous essayons cependant à une nouvelle activité: le funambulisme. Bravo Manao!
Par contre la longue plage de sable de Cucao face au Pacifique se révèle d’une beauté incroyable. Le ciel s’associe à la plage pour nous désorienter, la brume créée par les embruns nous envoûte. Les enfants finissent une nouvelle fois les fesses dans l’eau malgré la température glaciale de l’eau. Nous sommes en plein week-end de vacances scolaires et nombreux vacanciers viennent sillonner la plage à pied, en quad ou en 4×4.
Castro, ville principale de l’île, est bien connue pour ses maisons sur pilotis aux couleurs chatoyantes à mille lieues de la morosité d’Ancud.
Au cours d’une promenade nocturne sur la Place des armes bordée par la cathédrale San Francisco d’un jaune éblouissant , nous sommes éblouis par la virtuosité d’un peintre utilisant des bombes de peinture. Nous finissons la soirée dans un petit restaurant sympathique sur le port où nous fêtons par anticipation l’anniversaire de Carole.
Nous rejoignons enfin la petite ville de Dalcahue d’où part le ferry pour l’île de Quinchao. L’architecture en bois des églises et des maisons qui sont recouvertes de planchettes disposées telles des écailles de poissons nous séduit.
Nous sommes le 15 février, Carole fête ses 36 ans. Les enfants ont confectionné des cadeaux pendant plusieurs jours et ont hâte de les offrir : Sabah a réalisé un petit livre de dessins relatant des moments forts de partage, Manao des fleurs en papier aux pétales couverts de mots d’amour en plusieurs langues et enfin Naoki un dessin avec les prénoms de toute la famille.
Nous dormons dans le très joli village de Tenaun, qui abrite la maison de Francisco Coloane, un des principaux écrivains chiliens. Il est notamment l’auteur d’un recueil des légendes chilotes. Nous nous attardons dans la bibliothèque du village, superbe, suspendue au dessus de la mer et recélant des trésors pour les enfants et pour les grands.
Naoki quitte Chiloe en répétant la légende du Trauco, nain répugnant qui se muait en bel homme pour plaire aux femmes des marins partis en mer. Au début un peu effrayé par cette histoire, il en est devenu passionné.