Les paysages arides disparaissent rapidement en remontant vers le nord. La piste est protégée des rayons solaires ardents par la frondaison des arbres, des systèmes d’irrigation issus des torrents dévalant les pentes andines permettent la culture de riz. Le paysage minéral du désert laisse place à la douce verdure des rizières. Contraste saisissant !!
Pour rejoindre la région d’Armenia, réputée pour ses pentes couvertes de caféiers, nous devons franchir la Cordillère occidentale de la Colombie en passant un col à 3200m. Cette route longue et sinueuse est empruntée par des files de camions qui tentent des dépassements à l’aveugle en se mettant sous la protection de Jésus pour éviter toute collision. La vigilance est de mise !!!
Nous « posons nos valises » dans le village de Salento qui présente de nombreux atouts : sa situation géographique, qui offre un panorama sur un massif montagneux éblouissant ; son climat doux et surtout sa population accueillante et bienveillante.
La vallée de Cocora et ses palmiers de cire, ainsi que les multiples possibilités de randonnées à pied et vélo dans les alentours attirent de nombreux touristes, colombiens et étrangers. Pourtant, la ville a su garder un certain charme et on prend plaisir à déambuler au milieu de ses ruelles colorées.
Rejetés du parking du mirador de la ville, nous établissons notre bivouac au sud du village, à proximité du restaurant Acaime. Nous faisons la connaissance de Yuli et de ses sœurs qui tiennent le restaurant. Ils adorent les enfants et ne cessent de jouer avec les nôtres entre les services. J’adore la décoration de leur restaurant faite de bric et de broc. La récup est reine et ajoute un charme fou à ce lieu !!
Pour ne rien gâcher, les desserts maison sont délicieux !! Diana accepte de nous donner sa recette et de nous apprendre à préparer le Napoléon, sorte de tiramisu colombien qui a réussi à titiller nos papilles. Quel bon moment de partage !!!
La visite d’une finca (ferme) de café nous semble indispensable. Le café colombien n’est-il pas réputé être l’un des meilleurs du monde ? C’est donc l’endroit idéal pour en apprendre davantage sur ces graines aux saveurs uniques et pour goûter ce nectar (que pourtant nous n’apprécions pas…). Une promenade guidée sur les flancs couverts de caféiers nous permet de découvrir les techniques de plantation, d’associations végétales, de récolte et de préparation du café. Nous terminons naturellement par la dégustation d’un expresso pour les parents et d’un café au lait pour les enfants (qui apprécient d’ailleurs plus que nous!!).
Pour le plus grand bonheur de Sabah, qui nous le réclame régulièrement, nous partons découvrir les environs de Salento à cheval. Naoki monte seul pour la première fois. Sabah et Manao sont heureux de lancer leurs canassons au galop. Nous traversons plusieurs fois la rivière avant d’arriver à une cascade. La balade dure 3 heures, de quoi nous laisser de douloureux souvenirs pour les jours suivants !!!
Enfin nous découvrons la vallée de Cocora qui fait la renommée de Salento. Les immenses palmiers qui y poussent à une altitude de 2000m sont une curiosité locale. Cette vision « tropicale » dans un univers montagnard et embrumé est déstabilisante. Nous prenons quelques chemins détournés, sinuant de part et d’autre d’un torrent puis évoluant sur les contreforts de la montagne. Nous franchissons un col pour redescendre sur les pentes couvertes de palmiers. Cette petite balade de 3h a su éveiller en moi l’envie de cheminer plus profondément dans la vallée et d’aller observer ses sommets enneigés !
Ma proposition d’une randonnée de deux jours avec nuit en refuge emballe Manao et Sabah. Naoki, qui a souffert au cours de la journée à Cocora, préfère rester à Salento. Carole et lui passeront donc deux jours tous les deux.
Dès les lendemain matin, nous empruntons un 4×4 Willis depuis la place centrale de Salento pour rejoindre le fond de la vallée de Cocora. Nous débutons la randonnée à 2350m d’altitude. La première partie du sentier longe et traverse à plusieurs reprises une rivière sur des ponts de bois. Nous gravissons ensuite des pentes escarpées au milieu d’une forêt dense qui laisse finalement place à une végétation arbustive et herbacée constituée notamment de frailejones. Manao et Sabah sont ravis de découvrir au fond de leurs sacs une petite surprise de leur maman : un sachet de graines et fruits secs qui leur remontent le moral tout au long du chemin.
Après huit heures de marche, nous atteignons enfin une finca (ferme) située à 3850m d’altitude! Les enfants ont bien marché ! Ils sont fatigués mais contents. Nous sommes accueillis avec une tasse d’aguapanela fumante (eau chaude sucrée à la mélasse, véritable institution colombienne !!). Un délice !!!
Nous découvrons cette ferme transformée en refuge, constituée d’un dizaine de chambres à lits superposés. Nous faisons la connaissance d’autres randonneurs Tim (N-Z), Pierre et Romain. Le refuge offre une superbe vue sur le massif montagneux voisin et quelques percées dans les nuages nous permettent d’en observer le sommet. Le Nevada del Tolima, recouvert d’une calotte glacière, culmine à 5250m.
La nuit tombe rapidement, suivie de près d’un net rafraîchissement de l’air ambiant. Nous nous réfugions dans la cuisine, seule pièce chauffée du refuge. Nous y dégustons une bonne soupe puis une belle assiette garnie de riz, de pommes de terre, de salade et d’une saucisse. Nous sommes rassasiez et nous oublions les efforts fournis dans la journée. L’ambiance est chaleureuse et agréable. Avant de nous coucher, nous jouons aux cartes avec d’autres randonneurs francophones Pierre et Romain.
La nuit est froide, environ -4°C et le refuge n’est pas isolé. Heureusement, chaque lit possède trois grosses couvertures qui nous protègent du froid.
Le petit déjeuner frugal (arepa (galette de maïs), omelette, fromage et gâteau) nous déçoit un peu. Le dîner de la veille nous faisait espérer mieux…
Pendant que je vadrouille dans les environs, Sabah se repose sous ses grosses couvertures et Manao partage la vie de la ferme (fauchage, traite des vaches, jeux avec l’enfant de la ferme…). Nous prenons la route du retour vers 10h et atteignons la vallée de Cocora 5h plus tard ! Bravo les enfants ! Nous retrouvons Naoki et Carole sur le bivouac devant le restaurant Acaime en pleine forme et partageons un dernier burger en compagnie de nos amis.
Il est difficile de faire nos adieux mais nous ne pouvons pas nous éterniser ici. Nous descendons tout d’abord la colline de Salento pour profiter de l’eau du rio Quintio à Boquia (un bon bain s’impose!!). Et nous partons pour Medellin situé à 250 kms plus au nord.