Cette belle ville coloniale située à 2000m d’altitude est devenue l’un des sites de villégiature privilégiés des habitants de Bogotá qui la rejoignent en moins de deux heures. Elle jouit d’un climat doux toute l’année et de faibles précipitations. La végétation rase et aride des montagnes environnantes sujette aux incendies est le témoin de cette sécheresse. Les grosses villas, associant avec harmonie le bois, la pierre, les grandes surfaces vitrées et la chaux blanche, poussent comme des champignons. En soirée, le ciel, chargé de nuages, se pare de teintes orangées et la ville s’éclaire doucement.
Nous nous installons sur une belle place pavée dans le centre ville à côté d’un terrain de basket qui apportera de grands moments de plaisir aux enfants ! Cette situation centrale nous permet de faire de nombreuses rencontres, souvent des colombiens curieux et enthousiasmés par notre aventure et quelques fois des voyageurs étonnés de notre présence ici en camping car. Carole et les enfants ont même été interviewés par un journaliste désireux de connaître et de faire partager cette aventure. Les enfants, et en particulier Naoki, sont souvent le centre de l’attention et posent avec patience pour des photos.
Perchée à plus de 3000m d’altitude, la lagune semble être apparue dans un ancien cratère circulaire (volcan ? impact de météorite?). Son origine géologique n’est pas déterminée mais la lagune est surtout un lieu sacré pour la communauté indigène des Muiscas. A l’arrivée des conquistadors, le peuple muisca était prospère grâce à la culture du maïs et à l’extraction du sel. La lagune de Guatavita, comme les autres lagunes de la région, jouait alors un rôle important dans l’initiation des caciques (chefs politiques amérindiens). La légende de l’Eldorado serait née de la découverte par les Espagnols de la cérémonie qui se déroulait en ce lieu sacré.
Isolé du village dès l’âge de 9ans, le futur cacique, choisi par son prédécesseur parmi les fils de sa sœur, est éduqué dans une grotte, jusqu’à ce qu’il soit jugé apte à accomplir le rite de passage. La cérémonie au protocole complexe s’achève dans la lagune : couvert d’une poudre d’or, le jeune homme attend les premiers rayons de soleil (symbole masculin) pour se plonger dans l’eau (symbole féminin). Les nombreux spectateurs jettent alors dans la lagune leurs offrandes : bijoux et statuettes en or, argent, émeraudes…
Lorsque les conquistadors, puis d’autres européens après eux, eurent vent de ces coutumes, ils n’eurent de cesse d’essayer de vider la lagune pour y récupérer ses richesses. Le peuple Muisca a largement souffert de ce sacrilège pour un bénéfice minime puisqu’encore une fois les objets retrouvés, d’une grande finesse, n’étaient pas en or pur (max 30% or).
Heureux de quitter la mégalopole, nous nous arrêtons dans la petite ville de Zipaquira qui tire sa fortune et sa renommée d’un gigantesque gisement de sel découvert à l’époque précolombienne et exploité depuis lors avec des techniques de plus en plus innovantes. Les données actuelles permettent encore d’envisager une durée d’exploitation de plus de 500 ans ! Les prélèvements de sels sont actuellement réalisés par dissolution hydraulique à plus de 250m de profondeur.
Mais plus que la mine, c’est la Cathédrale de sel qui en occupe le deuxième niveau qui attire les curieux. Des mineurs puis des artistes se sont servis des galeries et des zones d’extraction aux dimensions gigantesques (100x12x20m) pour imaginer des chapelles mais surtout une nef colossale dominée par une croix sculptée dans le sel !! Impressionnant ! Malheureusement, cette beauté et cette solennité sont perturbées par une zone commerciale souterraine où se vendent souvenirs en sel et autres babioles.
Le centre ville de Zipaquira est de toute beauté en particulier au niveau de la place centrale pavée, entourée de bâtiments coloniaux en stuc blanc ponctués de balcons en bois, et dominée par la superbe cathédrale Santissima Trinidad.
Contre toute attente, la route reliant Medellin à Bogota présente des portions très étroites et ses abords subissent régulièrement les assauts des pluies torrentielles, entraînant des glissements de terrains, des chutes d’arbres… Il est d’ailleurs déconseillé de rouler la nuit. Le matin, le flot des véhicules est soumis à l’efficacité des travaux de déblaiement des services de la voirie…
La route est ponctuée de panneaux indiquant la grande diversité d’animaux susceptibles d’être aperçus dans la région traversée. Quel échantillon !
Nous arrivons enfin à Bogota, capitale implantée sur un plateau à 2500m d’altitude et adossée à la chaîne orientale de la Cordillère des Andes qui compte ici quelques sommets à plus de 3000m.
La transition est rapide entre les terres cultivées et le tissu urbain dense. De larges autoroutes centrées sur des voies de bus lancés à grande vitesse permettent de rejoindre les différents quartiers de cette ville très étendue. Nous gagnons directement le quartier chic des ambassades pour être à proximité de l’Alliance Française qui reste une destination inratable pour les enfants. Alliance Française signifiant bibliothèque de livres en français !! Ici les immeubles de briques et de verre à l’architecture contemporaine offre un cadre de vie agréable. Les expatriés français doivent être nombreux dans le quartier comme le prouve la présence d’un énorme lycée français et la vente de pain français de qualité. Pains au chocolat délicieusement feuilletés et baguettes croustillantes sont un régal pour nos papilles !! Nous abandonnons non sans plaisir pour quelques jours l’éternel pain blanc sucré de Colombie.
Nous visitons le centre historique. Sur la Place centrale, perché au bout d’une énorme grue, un restaurant volant propose de déguster son déjeuner en profitant de la vue à 360° sur la ville. Sujet au vertige, s’abstenir !!! Nous découvrons le joli quartier de Candelaria dont les maisons historiques sont construites autour de plusieurs patios. Nous en profitons pour déguster une spécialité locale, les obleas, fins biscuits circulaires assez insipides accompagnés au choix d’arequipe (confiture de lait), chocolat, fruits…
Mais nous passons surtout une bonne partie de la journée à observer les merveilles précolombiennes en or du Musée del oro. Après une explication des différentes techniques artistiques du travail de l’or (martelage, moulage…), nous nous émerveillons devant la pureté et la finesse de ces objets artisanaux qui ont survécu au pillage systématique réalisé par les conquistadors espagnols. Des milliers de pièces d’orfèvrerie précolombiennes ont été fondues en lingot !!! Et ce alors que ces petits objets d’art n’étaient constitués, en général, que de 30% d’or pour 70% de cuivre ! Quelle perte artistique, culturelle et historique pour si peu d’or !
Nous rentrons dans le quartier Chico en utilisant le système de bus urbain. Une véritable aventure !! Déterminer la station la plus proche de notre destination, reconnaître le bon bus, trouver sa place dans les bus bondés et prier pour éviter l’accident !! Et cerise sur le gâteau, une petite affiche interdisant le port d’arme trône dans la rame !!! Nous sommes heureux de retrouver les places arborées et reposantes après le tumulte du centre ville.
Nous profitons également de cette grande ville pour trouver une solution à l’augmentation incontrôlée de température du moteur d’Ulysse dans les embouteillages et dans les ascensions. C’est un électricien qui trouve finalement la solution.
Nous quittons enfin Bogota vers le nord sous un déluge d’eau transformant les routes en torrents déchaînés !
Sur la route de Bogota, nous faisons halte au niveau du Rio Claro réputé pour ses eaux limpides. Nous nous installons dans un camping isolé sur les rives du rio tumultueux aux eaux tièdes. Surplombé par des montagnes aux flancs couverts de forêts, le site est une large prairie où paissent tranquillement vaches et moutons. Nous avons la chance de pouvoir observer des toucans et des perroquets haut perchés. Ce lieu calme est propice à la baignade, aux jeux mais aussi à la rédaction du blog. Les enfants sont heureux de pouvoir sortir la tente même si les orages accompagnés de pluies torrentielles sévissent toutes les nuits. Ces conditions permettent de prouver la résistance à l’eau de notre nouvelle tente mais dévoilent surtout la persistance des problèmes d’étanchéité dans le toit d’Ulysse. Nous décidons de refaire la totalité de l’étanchéité sur les anciens joints faits par le précédent propriétaire.
Nous découvrons la Réserve naturelle du Canyon Rio Claro en empruntant un sentier pédestre cheminant entre la rivière et des falaises vertigineuses découpées par l’érosion. Malheureusement les pluies diluviennes des derniers jours ont teinté les eaux de la rivière qui sont plus chocolat que « claro ». Mais la réserve est surtout le point de départ d’une descente en rafting pour toute la famille. Le rio ne possède aucune difficulté mais propose une bonne introduction pour les enfants qui appréhendaient un peu cette activité nautique. Tout le monde participe au déplacement de l’embarcation dans un univers tranquille. Le point d’orgue de cette descente est une large grotte formée par la rivière dans un lacet et le passage sous une cascade!! Les enfants ont apprécié cette initiation et souhaitent maintenant affronter des rios plus tumultueux. Affaire à suivre !!
Nous sommes très vite en dehors de Medellin et rejoignons le village de Guatapé. Situé à 80kms seulement de Medellin, c’est un lieu de villégiature recherché car le climat est doux et stable toute l’année. Le lac aux rives dentelées, né de la construction d’un barrage (qui fournit actuellement 35% de l’énergie hydroélectrique du pays), a englouti de nombreuses vallées mais fait actuellement le bonheur des Antioquais (habitants du département de Medellin) en week end. Une multitude de belles maisons secondaires ont investi ses rives rocheuses escarpées. C’est un lieu très touristique. De nombreux bateaux sillonnent les eaux du lac, naviguant d’île en île. La piedra del Penol, énorme rocher de 200m de haut, offre un panorama impressionnant sur l’archipel.
Une de ces îles, accessible par la route, abrite une base nautique avec un toboggan à bouée et une énorme structure gonflable aquatique qui font le bonheur des enfants et de leur papa !!! L’eau est étonnamment tiède !
Les nuits pluvieuses font apparaître une infiltration d’eau au niveau du plafond d’Ulysse. Une réparation rapide est nécessaire : vive le joint silicone !!