Une fois la frontière chilienne traversée, Nous empruntons une route sinueuse dans les montagnes toujours sous le soleil.
Notre choix fût le bon car en arrivant à Pucon, ville située au pied du volcan Villarica, nous avons une vue dégagée sur ce dernier. Nous nous engageons sur la route d’accès au volcan qui abrite une petite station de ski. Une grande fumée blanche se dégage continuellement du cratère.
Nous arrivons à l’entrée du parc national, malheureusement, l’ensemble du parc est fermé. L’activité actuelle du volcan ne permet pas une sécurisation totale du secteur depuis son éruption en janvier 2015.
Sous un soleil radieux, nous nous consolons en passant l’après midi en limite de la zone interdite observant le volcan dégageant sa fumée et les enfants jouant avec le carabinier surveillant l’accès de la zone. Sabah nous dira que c’est la première fois qu’elle voit un policier rigoler. Elle se retrouvera même avec son képi sur sa tête !!!
A la tombée de la nuit, les fumeroles prennent des nuances de rouge car reflétant l’activité volcanique à l’intérieur du cratère. De toute beauté !!! On ne s’en lasse pas.
Samedi 18 avril
Après une matinée en observant le volcan, la pluie fait son apparition et se transforme rapidement en déluge. Nous décidons d’aller nous relaxer dans une des nombreuses thermes présentes dans le secteur. L’eau à 40° dans cette piscine couverte nous fait oublier les trombes d’eau inondant tout le paysage environnant.
Dimanche 19 avril :
Ca y est, c’est le grand départ. Nous quittons la Patagonie après plus de 6 mois sur ces terres australes… Ca fait un peu bizarre. Nous avons un trajet de 700 kms jusqu’à Santiago.
Il existe une autoroute traversant tout le Chili du nord au sud. Il n’existe pas de route côtière continue permettant de profiter de la côte. Alors c’est parti pour une route monotone même si sur les autoroutes chiliennes nous comprenons vite qu’il faut être vigilent car des cyclistes, des tracteurs peuvent circuler, des échoppes de fruits et légumes ponctuent les bords, des piétons traversent parfois l’autoroute et certaines voitures remontent la circulation en contre sens sur la bande d’arrêt d’urgence !!!!
Lundi 20 avril.
La densité urbaine se précise en s’approchant de Santiago. Les voitures plus nombreuses, les enseignes publicitaires aussi et le nuage de pollution marquent bien notre entrée dans la ville. La montagne, les grands espaces vierges me manquent déjà terriblement.
Nous nous rendant directement à notre point de bivouac sur une zone de parking à côté de l’hôtel Sheraton au pied du parc métropolitain de Santiago.
Nous déambulons dans le quartier Bellavista, artistique concentrant les théâtres de la ville, restaurants… Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas vu autant d’agitation.
Mardi 21 avril
Les enfants se lèvent vite car aujourd’hui pas d’école car nous voulons profiter de la ville.
Nous commençons par visiter le zoo qui possède quelques espèces d’animaux intéressant et surtout des points de vue sur la ville. Naoki adore les makis, Sabah les maras et Manao les tigres blancs.
Nous prenons un funiculaire datant de 1925 accroché à flanc de montagnes pour atteindre le sanctuaire de la vierge de l’Immaculée Conception qui domine la ville.
Malheureusement la ville et ses environs sont noyés dans la brume de pollution. Nous pouvons seulement observer vers l’Est quelques sommets de la cordillère des Andes si proche.
Après cette période tournée vers le bonheur des enfants, nous nous dirigeons à pied dans cette ville construite d’immeubles de 10-15 étages dans les années 80 vers la place centrale du quartier historique : la Place des armes.
Superbe place présentant de hauts palmiers et entourées de bâtiments à l’architecture diverse.
Il est 13h, les rues sont animées par ses cireurs de chaussures s’attelant à la tâche sur des hommes d’affaires lisant leur journal quotidien. Dommage, je n’ai pas de chaussures en cuir sinon je les aurai fait lustrées… Les rues piétonnes sont vivantes, des marchands ambulants, des musiciens, des chanteurs.
Chaque façade libre, tout petits recoins disponibles sont utilisés pour réaliser de belles œuvres d’art urbaines.
Nous arrivons enfin sur la Place de la Constitution contiguë au Palais de la Monnaie où séjourne le président de la République, actuellement Mme Bachelet. Des préparatifs sont en cours pour accueillir la présidente de la Corée du Sud et de sa délégation.
Le palais est cerné de hauts bâtiments datant des années 30 très « communistes » rassemblant les différents ministères.
Une petite halte au centre culturel situé sous le palais de la Monnaie nous permet de prendre des nouvelles sur internet pendant que les enfants jouent dans une salle de travaux manuels.
Le temps passe vite. Nous retraversons la ville en passant par des parcs pour atteindre le quartier Bellavista. Ce dernier est très vivant le soir car il rassemble un grand nombre de bars, restaurants et boite de nuit.
Mercredi 22 avril
En passant à proximité du Palais de la Monnaie, nous observons une cérémonie d’accueil de la présidente coréenne. Cette dernière, escortée d’une garde montée chilienne, est accueillie par madame Bachelet.
Une fois entrées dans le palais, nous décidons de nous rendre au musée Précolombien à proximité de la place des Armes.
Dans une vieille bâtisse restaurée, nous observons pendant quelques heures, des statues, des poteries, des teintures… des nombreux peuples originaires d’Amérique : Incas, Tehuelche, Olmèques, Mapuche, Rapanui…. Les enfants doivent dessiner leurs objets préférés : objectifs atteints même pour Naoki. Tant de richesses détruites par les espagnol. Et cette destruction qui perdure encore actuellement dans certains pays en guerre.
Nous rejoignons le parc Quinta Normal abritant de nombreux musées pour les enfants. Des jeux de fontaines nous accueillent pour le plus grand bonheur des enfants très vite détrempés. Par contre le musée infantile proposant normalement des expériences scientifiques pour les enfants est fermé et depuis longtemps vu l’état de la bâtisse. Le musée des sciences situé à côté n’ouvre pas notre attention. Nous préférons donc profiter du soleil radieux et des jeux d’eau.
Nous dinerons, sous les conseils d’un jeune chilien, dans une restaurant péruvien excellent. Nous apprenons lors de cette soirée l’entrée en éruption du volcan Cabuco situé près de Puerto Montt.
Les images sont impressionnantes. Et dire que nous étions il y a encore 3 jours à moins de 100kms.
Carole pense même redescendre pour observer ce phénomène si rare et si extraordinaire. Mais les 800kms nous séparant et la possibilité d’un arrêt de l’activité volcanique nous dissuade.
Jeudi 23 avril :
Nous voulons voir le musée de la Mémoire et des droits de l’Homme retraçant une période noire du Chili : la période Pinochet.
Ce musée, inauguré en 2010, aborde le sujet récent du coup d’état de l’armée dirigé par Augusto Pinochet du 11 septembre 1973 et des conséquences pour le peuple jusqu’en 1989 !!!!
Très vague dans mon esprit, le musée nous révèle très clairement cette dictature répressive contre les communistes et plus largement contre l’intelligencia. Un grand nombre de chiliens choisissent l’exil à contre cœur. Pour les autres, une longue période de terreur commence. L’état prend le contrôle des médias, met en place une police politique digne des SS qui arrête à tour de bras, torture,… Une large partie de la population a peur de sa police.
Pinochet écrit en 1980 la nouvelle constitution chilienne encore appliquée aujourd’hui !!!!
Il restera président jusqu’en 1988 et chef des armées à vie.
C’est seulement en 1998, qu’il sera arrêté en Angleterre mais renvoyé au Chili 18 mois plus tard sans procès. Au Chili, il échappera à la justice jusqu’à sa mort.
Un long processus administratif et juridique au Chili permet de rétablir un ordre politique mais encore fragile. Le droite issue de Pinochet récolte encore près de la moitié des suffrages.
Nous ressortons de ce musée un peu sonné comme après un combat de boxe. Des images ont marqué les enfants. Nous voyons différemment le palais de la Monnaie qui a été bombardé ce 11 septembre 1973 et dans lequel Salvador Allende a succombé.
Nous déambulons ensuite dans les rues de la ville, découvrant le panthéon de Bernardo O’Higgins, grand libérateur du Chili et père de son indépendance, explorant le Cerro Santa Lucia nous permettant d’avoir de beaux panoramas sur la ville.
Vendredi 24 avril :
Nous décidons de quitter Santiago après ces quelques jours ressentis comme des vacances, loin de nos habitudes : pas d’école, pique nique le midi et quelques restaurants, pas de vaisselle…
Nous traversons des paysages viticoles et atteignons enfin Valparaiso. Nous posons Ulysse sur la place Waddington sur les conseils de voyageurs rencontrés il y a quelques mois.
A 18h, nous retrouvons le papa d’une amie de Carole qui est rentré au Chili après son exil en 1973. Il appartenait à l’armée mais en contradiction avec le junte militaire de Pinochet il s’exile au Mexique. Il ne rentrera qu’en 2005. Nous discutons avec lui de cette période pré Pinochet, pendant son exil et depuis son retour. Très intéressant.
Nous rentrons tardivement en prenant un des nombreux bus sillonnant la ville à grande vitesse.
Samedi 25 avril
Nous souhaitons découvrir le quartier historique mais les enfants sont saturés de se promener et souhaitent se reposer.
Nous les laissons donc tous les 3 dans le camping car avec autorisation de jouer dans le parc pendant que nous partons nous promener en ville. Ils resteront tranquillement pendant près de 2h à faire des activités manuelles, raconter des histoires et jouer dans le parc. Notre absence ne les a à peine déranger.
Pendant ce temps là, nous crapahutons dans les ruelles de la ville. La partie basse gagnée sur la mer et en lien direct avec le port est constituée d’immeubles assez haut, à l’architecture stricte. Les rues étroites renforcent cet effet d’écrasement pour les promeneurs. Heureusement, des ascenseurs extérieurs (ou funiculaires) nous permettent de prendre de la hauteur sur l’une des nombreuses collines entourant la ville. Les flancs des montagnes sont couvertes de maisons colorées mais délabrées voire des taudis qui de loin nous font penser aux favelas brésiliens.
Une chose m’a surpris, elles sont construites pour la plupart en bauge et recouvertes de tôles ondulées peintes de couleurs éclatantes. Mais la baisse d’activité portuaire et le manque d’attractivité de la ville ont appauvris la population qui n’a plus les moyens d’entretenir ces maisons.
Mais la culture de la rue est omniprésente. A chaque coin de rue, des peintures murales de styles différents jonchent les murs, les façades. De toute beauté !!! Les quartiers touristiques jouissent de quelques travaux de rénovation mais il reste beaucoup à faire.
Les enfants sont ravis de leur journée de repos et nous de ce moment seuls.
Dimanche 26 avril
Une fois les devoirs achevés, nous prenons la direction du centre ville pour goûter aux spécialités de la mer de Valparaiso dans un des restaurants de fruits de mer.
Salade de fruits de mer (crevettes, moules, ceviche, crabes…) pour certain, filets de merlus pour d’autres… garnissent notre table et comblent nos papilles. Seule Sabah notre carnassière a dégusté de la viande.
Nous digérons en marchant dans la ville basse puis sur les collines en utilisant différents ascenseurs. Nous empruntons des escaliers cachés accédant au cimetière de la ville possédant des espaces réservés pour les étrangers de Valparaiso…
Valparaiso est une ville côtière mais recroquevillée sur elle même, sans accès direct à la mer. L’activité portuaire et ses quais bardés de conteneurs venant des 4 coins du monde empêchent les habitants et les touristes de profiter de la mer.
Lundi 27 avril
C’est le jour du départ mais pas avant de jouer sur l’une des petites criques abritant une petite plage de sable. L’habituel bateau fait de sable résistant aux vagues est fabriqué par les enfants qui oublient vite la fraicheur de l’eau et se libèrent dans des jeux au milieu des vagues.
Nous quittons Valparaiso en empruntant la route Alemania qui serpente de collines en collines, reliant de nombreux belvédères sur la ville et sa baie.
Nous retrouvons l’autoroute qui nous emmènent vers la ville de Los Andes au pied de la cordillère.
Ce sera notre ville étape du jour avant d’attaquer la route des Andes et ses lassos pour passer un col à 3800 m au pied de l’Aconcagua, point culminant de l’Amérique du Sud.
Nous arrivons en fin de journée, allons faire les courses et tentons de trouver un emplacement pour la nuit. Sur un parking large, nous commençons nos manœuvres lorsque un habitant faisant son jogging nous propose de venir dormir devant chez lui, un endroit plus sûr. Ce dernier possède un camping car et est ébahi de notre Ulysse. Prenant des photos de l’extérieur, nous l’invitons à visiter l’intérieur. Quelle joie !!! Nous échangeons nos expériences. Suite à notre demande il nous donnera d’ailleurs son code wifi. Quelle gentillesse.