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frouch

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Il fait toujours très chaud à notre départ de Belem en direction de Sao Luis. Nous recherchons un cours d’eau où nous rafraîchir lorsque nous passons devant un grand parc aquatique. Nous nous enthousiasmons tous devant cette opportunité mais sommes immédiatement calmés par les prix annoncés. Sur le point de repartir, nous voyons arriver deux personnes qui s’avèrent être les propriétaires (ou gérants) et qui, interpellés par notre camping-car et notre nationalité, nous invitent à profiter gratuitement des lieux pour l’après-midi !! Encore une rencontre improbable !!

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Sur la route entre Belem et Alcantara, nous quittons l’état du Para pour celui de Maranhão, la forêt amazonienne laisse définitivement place aux plaines agricoles ou marécageuses. Les quelques bosquets résiduels sont constitués de palmiers à açai. Phénomène de mode ou véritable fruit merveilleux ? L’açai est partout au Brésil. Riche en vitamines, il est consommé sous forme de jus ou de glaces. Rares sont les villes qui n’ait pas au moins un vendeur d’açai… On a évidemment goûté mais on n’est pas fan de cette glace plutôt fade lorsqu’elle n’est pas agrémentée de noix, bananes, chocolat…

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Alcantara est une ancienne ville coloniale décrépite mais pleine de charme située au bord du rio Pindaré en face de la moderne et tumultueuse São Luis. Nous y passons quelques jours hors du temps et faisons la connaissance de Barnabas un photographe suisse qui s’est retiré là il y a dix ans loin de l’agitation du monde. Il nous raconte quelques anecdotes de sa vie riche passée entre New York, Londres et Paris à l’époque où il était photographe chez Vogue, son besoin brutal de couper tout contact avec la photographie et son coup de foudre pour le Brésil et Alcantara dix ans auparavant. Un destin surprenant ! Un homme passionnant que nous quittons à regret pour reprendre la route.

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Pour gagner Sao Luis depuis Alcantara , il faut traverser la large Baia de São Marcos en ferry. La traversée de l’estuaire est plutôt agitée et les places à l’intérieur sont chères, qu’à cela ne tienne, nous voyagerons sur le pont…

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Quel contraste avec la calme Alcantara !! Sao Luis est une grande ville pour le Brésil, ce qui veut dire une très grande pour nous avec son quasi million d’habitants. Elle s’étend le long de l’estuaire du rio Bacanga entre un centre historique défraichi et décevant malgré quelques maisons aux façades colorées, et des quartiers modernes huppés bordant l’océan.

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Nous y trouvons les premières plages accessibles depuis notre départ de Guyane. L’eau y est enfin claire puisque nous sommes à l’est du delta de l’Amazone mais particulièrement polluée et pas encore très chaude… Les enfants ne résistent pas au plaisir de se jeter l’eau, heureux de retrouver l’océan.
Alors que nous pensions bivouaquer en bord de mer, nous sommes interpellés par un coach sportif qui interrompt son cours pour nous conseiller de nous déplacer arguant de l’insécurité des lieux. Il nous trouve même un bivouac sécurisé sur le parking d’un restaurant. Nous ne saurons jamais si les risques étaient réels ou exagérés mais nous avons apprécié cette attention ! Pour la nuit suivante nous trouvons un bivouac plus calme à proximité d’un poste de police à l’extrémité d’une plage.

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A la fin de notre séjour en Guyane et en nous éloignant des plages cayennaises nous souffrions de la chaleur à tel point que nous envisagions de gagner directement de latitudes plus clémentes en évitant le nordeste brésilien et en nous dirigeant directement vers Salvador. Depuis notre traversée de l’Amazone et d’autant plus depuis que nous nous sommes rapprochés de l’océan, le temps est plus clément, les soirées sont surtout plus fraîches. Nous commençons donc à envisager plus sereinement la possibilité de longer la côte jusqu’à Salvador de Bahia. Première étape, un parc dont les guides font tous l’éloge : Lençois Maranhenses et son paysage de dunes et de lagunes.

Au cours de notre première journée à Belem, nous déambulons autour du port. Les quais empestent et les déchets s’amoncellent pour le plus grand plaisir des vautours qui sont partout .

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Au marché central les échoppes proposent un aperçu de la diversité de la production brésilienne : noix de cajou, coco et cacahuètes ; manioc sous toutes ses formes (farine, tapioca, galettes, farofa…) ; fruits et jus variés, potions à base de plantes amazoniennes pour tous le maux du quotidien… Nous nous régalons d’un plat de poisson frais au marché.

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Nous longeons l’Amazone en traversant la Estaçao das Docas (ancien marché des docks réhabilité en espace moderne avec restaurants, boutiques, bars… On se croirait un peu au Hangar à bananes à Nantes…) avant de visiter le Palacio Antonio Lemos, une demeure bourgeoise érigée à la fin du XIXe siècle, et rappelant l’âge d’or de la ville pendant le boom du caoutchouc.
Naoki est ravi de retrouver sa spécialité brésilienne préférée, la coco gelado (noix de coco verte dont on ouvre la partie haute pour en boire à la paille l’«eau» rafraîchissante)!! Et en plus ici, il y en a partout !!!

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A notre retour au camping car, mauvaise surprise, deux pneus sont à plat. Notre stationnement a dû incommoder quelqu’un… Tout le monde met la main à la patte et le problème est finalement réglé (les pneus n’étaient que dégonflés!).

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Nous dormons en pleine ville à côté d’une agréable place ombragée où les familles se promènent, les coachs sportifs stimulent leurs élèves, les couples s’enlacent… Les marchands de coco gelado ont ici des échoppes fixes avec sièges en plastiques et télévision pour faire une pause au retour du bureau ou après une séance d’activité physique.

Le lendemain, nous visitons le parc botanique avec ses arbres gigantesques en plein cœur de la ville. Là encore, on imagine la ville moderne et prospère qu’a été Belem à la fin du XIXe siècle, à l’heure où Londres ou Paris représentaient le modèle urbain pour les riches commerçants de cette ville isolée sur les berges de l’Amazone.
La belle basilique Santuario de Nazaré abrite la statue Nossa Senhora de Nazaré qui est l’objet de la plus importante fête religieuse brésilienne. A cette occasion, au début du mois d’octobre, Belem voit affluer chaque année plus d’un million de fidèles qui se bousculent sur le trajet d’une longue procession entre le fleuve et la basilique.

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St Georges de l’Oiapoque (Guyane française) :

Une année entière (quasiment au jour près) s’est écoulée depuis que François et les enfants ont traversé en sens inverse le fleuve Oiapoque marquant la frontière franco-brésilienne.
Au moment de quitter le territoire guyanais, nous sommes tous heureux et excités de repartir sur les routes et de retrouver le Brésil. C’est un peu comme si nous allions chez un vieil ami…
Le pont au-dessus de l’Oiapoque (inauguré en 2011) n’est toujours pas ouvert à la circulation. Nous devons donc emprunter l’unique barge qui effectue les aller-retours.

Nous arrivons à St Georges le 2 septembre au soir. On se sent déjà un peu au Brésil. Dans la rue, le français a déjà laissé place au portugais, les rues sont animées, un joyeux désordre règne sur port où les piroguiers assaillent les éventuels candidats à la traversée.
Nous dormons un peu à l’écart du port, au bord du fleuve, à proximité de la rampe d’accès au bac.
Le lendemain samedi, Naoki se réveille aux aurores. Nous faisons un petit tour sur le bord du fleuve. La ville se réveille doucement. Les pêcheurs commencent à débarquer leurs poissons, des pirogues arrivent transportant des familles amérindiennes venues se ravitailler.
Je suis un peu inquiète car nous n’avons pas contacté le propriétaire du bac qui stationne au Brésil. Comment ferons-nous s’il ne traverse pas aujourd’hui ? Ce n’est pas une période de vacances et les guyanais qui traversent pour le week-end le font sans véhicule… François est plus serein. Il a déjà repris le rythme brésilien et ne s’inquiète pas, sachant qu’il y aura toujours une solution. Il a raison ; notre attente n’est pas longue avant de voir arriver la barge d’où débarque un véhicule. Après quelques négociations tarifaires, nous embarquons.
Sur le bac qui nous conduit de St Georges à Oiapoque, les enfants sortent leur drapeau brésilien et entame une petite danse. C’est un nouveau départ !!

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A Oiapoque, nous effectuons les formalités de douane et nous promenons au milieu des rues animées. C’est un centre commercial à ciel ouvert. Les prix sont bien moindre qu’en Guyane, ce qui explique le trafic incessant de pirogues entre les deux pays et le développement de ce bourg perdu au bord du fleuve à 600 km de la première agglomération brésilienne. La réglementation européenne limite le commerce de produits brésiliens en Guyane ? Qu’à cela ne tienne, télévisions, réfrigérateurs et vêtements prendront la voie du fleuve…
Depuis que nous nous sommes éloignés de la mer, nous souffrons de la chaleur. C’est donc avec un énorme plaisir que nous nous plongeons dans l’eau d’une crique à quelques distances de la ville. Impossible pour les enfants et François de quitter Oiapoque sans retourner dans un petit restaurant qu’ils avaient découvert lors de leur premier passage. Repas simple mais délicieux : brochettes de viande, riz et surtout farofa (farine de manioc revenue et assaisonnée, servie systématiquement au Brésil pour parsemer les grillades, les plats en sauce… Les enfants adorent!!) pour un prix défiant toute concurrence (en comparaison des prix guyanais!!).

Entre Oiapoque et la ville de Macapa au bord du delta de l’Amazone, 550km de route dont 90km de piste. Entre les deux, la forêt amazonienne et quelques villages amérindiens. A la saison des pluies (entre décembre et mai), la piste est impraticable pour notre camping car (et pour la plupart des véhicules d’ailleurs) mais en septembre pas de problème. C’était sans compter sur les ennuis mécaniques !! A 340km de Macapa, le levier de vitesse fait des siennes. Plus de 5e vitesse ni de marche arrière. Pas si grave finalement sauf au moment de trouver un bivouac pour la nuit en contrebas de la piste. Tout le monde s’y met et on pousse le camping car en marche arrière pour pouvoir repartir vers l’avant le lendemain matin…

En s’approchant de Macapa, les abattis d’agriculture vivrière laissent place à de fermes d’élevage de bovins et à des étendues couvertes de palmiers açai (fruit dont on fait des glaces et des jus et dont les brésiliens sont friands et grands consommateurs!!).

A Macapa, un garagiste débrouillard trouve facilement l’origine de la panne (un simple câble desserti) et fait une réparation sommaire qui devrait tenir jusqu’à Belem et le prochain concessionnaire Fiat. Passage obligé au monument Marco zero qui célèbre le passage de l’Equateur. Nous nous amusons de paradoxes autour de cette ligne imaginaire.

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Pour la traversée de l’Amazone entre Macapa et Belem, François s’adresse à la même entreprise de transport fluvial que l’année précédente, la SANAVE. Les négociations prennent deux bonnes heures (attente de la secrétaire, appel du propriétaire à Belem,…) mais tout se fait dans la bonne humeur. Nous voyagerons donc illégalement avec le camping car ce qui nous évite d’avoir à trouver un autre bateau, de payer une nuit d’hôtel… Il faudra simplement rester cacher dans le camping car au départ et à l’arrivée en cas de contrôle de police.
Etape suivante, attendre la marée haute pour charger le camping car sur la barge sans l’abîmer.
Nous partons donc le soir même pour 36h de traversée du delta de l’Amazone !

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Traversée calme en dehors de la première nuit au cours de laquelle la barge s’approche de l’estuaire. Le vent et les vagues qui font tanguer le bateau sont impressionnants. La barge craque, les remorques stationnées à côté d’Ulysse bougent… Nous sommes rassurés une fois de retour dans le calme du fleuve. La journée de navigation s’écoule tranquillement au rythme du fleuve. Le trafic est important et les berges du fleuve habitées de façon disséminée. On s’interroge sur le mode de vie de ces familles isolées. Récolte du latex, des açais, du bois…
Les marins accueillants nous proposent d’utiliser les douches, sanitaires et cuisine de la barge. Les échanges sont limités par notre médiocre niveau en portugais.
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Nous arrivons à Belem au lever du soleil du second jour après 36h de navigation. Les gratte-ciel qui bordent le fleuve me surprennent, je ne m’attendais pas à une ville de cette taille ! Nous profitons de la marée basse pour débarquer puis attendons l’ouverture des bureaux administratifs de la compagnie pour régler la traversée.

Une fois la frontière chilienne traversée, Nous empruntons une route sinueuse dans les montagnes toujours sous le soleil.
Notre choix fût le bon car en arrivant à Pucon, ville située au pied du volcan Villarica, nous avons une vue dégagée sur ce dernier. Nous nous engageons sur la route d’accès au volcan qui abrite une petite station de ski. Une grande fumée blanche se dégage continuellement du cratère.
Nous arrivons à l’entrée du parc national, malheureusement, l’ensemble du parc est fermé. L’activité actuelle du volcan ne permet pas une sécurisation totale du secteur depuis son éruption en janvier 2015.
Sous un soleil radieux, nous nous consolons en passant l’après midi en limite de la zone interdite observant le volcan dégageant sa fumée et les enfants jouant avec le carabinier surveillant l’accès de la zone. Sabah nous dira que c’est la première fois qu’elle voit un policier rigoler. Elle se retrouvera même avec son képi sur sa tête !!!

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A la tombée de la nuit, les fumeroles prennent des nuances de rouge car reflétant l’activité volcanique à l’intérieur du cratère. De toute beauté !!! On ne s’en lasse pas.

Samedi 18 avril

Après une matinée en observant le volcan, la pluie fait son apparition et se transforme rapidement en déluge. Nous décidons d’aller nous relaxer dans une des nombreuses thermes présentes dans le secteur. L’eau à 40° dans cette piscine couverte nous fait oublier les trombes d’eau inondant tout le paysage environnant.

PUCON 2

Dimanche 19 avril :
Ca y est, c’est le grand départ. Nous quittons la Patagonie après plus de 6 mois sur ces terres australes… Ca fait un peu bizarre. Nous avons un trajet de 700 kms jusqu’à Santiago.
Il existe une autoroute traversant tout le Chili du nord au sud. Il n’existe pas de route côtière continue permettant de profiter de la côte. Alors c’est parti pour une route monotone même si sur les autoroutes chiliennes nous comprenons vite qu’il faut être vigilent car des cyclistes, des tracteurs peuvent circuler, des échoppes de fruits et légumes ponctuent les bords, des piétons traversent parfois l’autoroute et certaines voitures remontent la circulation en contre sens sur la bande d’arrêt d’urgence !!!!

Lundi 20 avril.
La densité urbaine se précise en s’approchant de Santiago. Les voitures plus nombreuses, les enseignes publicitaires aussi et le nuage de pollution marquent bien notre entrée dans la ville. La montagne, les grands espaces vierges me manquent déjà terriblement.
Nous nous rendant directement à notre point de bivouac sur une zone de parking à côté de l’hôtel Sheraton au pied du parc métropolitain de Santiago.
Nous déambulons dans le quartier Bellavista, artistique concentrant les théâtres de la ville, restaurants… Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas vu autant d’agitation.

Mardi 21 avril
Les enfants se lèvent vite car aujourd’hui pas d’école car nous voulons profiter de la ville.
Nous commençons par visiter le zoo qui possède quelques espèces d’animaux intéressant et surtout des points de vue sur la ville. Naoki adore les makis, Sabah les maras et Manao les tigres blancs.
Nous prenons un funiculaire datant de 1925 accroché à flanc de montagnes pour atteindre le sanctuaire de la vierge de l’Immaculée Conception qui domine la ville.
Malheureusement la ville et ses environs sont noyés dans la brume de pollution. Nous pouvons seulement observer vers l’Est quelques sommets de la cordillère des Andes si proche.

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Après cette période tournée vers le bonheur des enfants, nous nous dirigeons à pied dans cette ville construite d’immeubles de 10-15 étages dans les années 80 vers la place centrale du quartier historique : la Place des armes.
Superbe place présentant de hauts palmiers et entourées de bâtiments à l’architecture diverse.
Il est 13h, les rues sont animées par ses cireurs de chaussures s’attelant à la tâche sur des hommes d’affaires lisant leur journal quotidien. Dommage, je n’ai pas de chaussures en cuir sinon je les aurai fait lustrées… Les rues piétonnes sont vivantes, des marchands ambulants, des musiciens, des chanteurs.
Chaque façade libre, tout petits recoins disponibles sont utilisés pour réaliser de belles œuvres d’art urbaines.

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Nous arrivons enfin sur la Place de la Constitution contiguë au Palais de la Monnaie où séjourne le président de la République, actuellement Mme Bachelet. Des préparatifs sont en cours pour accueillir la présidente de la Corée du Sud et de sa délégation.
Le palais est cerné de hauts bâtiments datant des années 30 très « communistes » rassemblant les différents ministères.
Une petite halte au centre culturel situé sous le palais de la Monnaie nous permet de prendre des nouvelles sur internet pendant que les enfants jouent dans une salle de travaux manuels.

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Le temps passe vite. Nous retraversons la ville en passant par des parcs pour atteindre le quartier Bellavista. Ce dernier est très vivant le soir car il rassemble un grand nombre de bars, restaurants et boite de nuit.

Mercredi 22 avril
En passant à proximité du Palais de la Monnaie, nous observons une cérémonie d’accueil de la présidente coréenne. Cette dernière, escortée d’une garde montée chilienne, est accueillie par madame Bachelet.
Une fois entrées dans le palais, nous décidons de nous rendre au musée Précolombien à proximité de la place des Armes.

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Dans une vieille bâtisse restaurée, nous observons pendant quelques heures, des statues, des poteries, des teintures… des nombreux peuples originaires d’Amérique : Incas, Tehuelche, Olmèques, Mapuche, Rapanui…. Les enfants doivent dessiner leurs objets préférés : objectifs atteints même pour Naoki. Tant de richesses détruites par les espagnol. Et cette destruction qui perdure encore actuellement dans certains pays en guerre.

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Nous rejoignons le parc Quinta Normal abritant de nombreux musées pour les enfants. Des jeux de fontaines nous accueillent pour le plus grand bonheur des enfants très vite détrempés. Par contre le musée infantile proposant normalement des expériences scientifiques pour les enfants est fermé et depuis longtemps vu l’état de la bâtisse. Le musée des sciences situé à côté n’ouvre pas notre attention. Nous préférons donc profiter du soleil radieux et des jeux d’eau.

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Nous dinerons, sous les conseils d’un jeune chilien, dans une restaurant péruvien excellent. Nous apprenons lors de cette soirée l’entrée en éruption du volcan Cabuco situé près de Puerto Montt.
Les images sont impressionnantes. Et dire que nous étions il y a encore 3 jours à moins de 100kms.
Carole pense même redescendre pour observer ce phénomène si rare et si extraordinaire. Mais les 800kms nous séparant et la possibilité d’un arrêt de l’activité volcanique nous dissuade.

Jeudi 23 avril :
Nous voulons voir le musée de la Mémoire et des droits de l’Homme retraçant une période noire du Chili : la période Pinochet.
Ce musée, inauguré en 2010, aborde le sujet récent du coup d’état de l’armée dirigé par Augusto Pinochet du 11 septembre 1973 et des conséquences pour le peuple jusqu’en 1989 !!!!
Très vague dans mon esprit, le musée nous révèle très clairement cette dictature répressive contre les communistes et plus largement contre l’intelligencia. Un grand nombre de chiliens choisissent l’exil à contre cœur. Pour les autres, une longue période de terreur commence. L’état prend le contrôle des médias, met en place une police politique digne des SS qui arrête à tour de bras, torture,… Une large partie de la population a peur de sa police.
Pinochet écrit en 1980 la nouvelle constitution chilienne encore appliquée aujourd’hui !!!!
Il restera président jusqu’en 1988 et chef des armées à vie.
C’est seulement en 1998, qu’il sera arrêté en Angleterre mais renvoyé au Chili 18 mois plus tard sans procès. Au Chili, il échappera à la justice jusqu’à sa mort.
Un long processus administratif et juridique au Chili permet de rétablir un ordre politique mais encore fragile. Le droite issue de Pinochet récolte encore près de la moitié des suffrages.
Nous ressortons de ce musée un peu sonné comme après un combat de boxe. Des images ont marqué les enfants. Nous voyons différemment le palais de la Monnaie qui a été bombardé ce 11 septembre 1973 et dans lequel Salvador Allende a succombé.

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Nous déambulons ensuite dans les rues de la ville, découvrant le panthéon de Bernardo O’Higgins, grand libérateur du Chili et père de son indépendance, explorant le Cerro Santa Lucia nous permettant d’avoir de beaux panoramas sur la ville.

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Vendredi 24 avril :
Nous décidons de quitter Santiago après ces quelques jours ressentis comme des vacances, loin de nos habitudes : pas d’école, pique nique le midi et quelques restaurants, pas de vaisselle…
Nous traversons des paysages viticoles et atteignons enfin Valparaiso. Nous posons Ulysse sur la place Waddington sur les conseils de voyageurs rencontrés il y a quelques mois.
A 18h, nous retrouvons le papa d’une amie de Carole qui est rentré au Chili après son exil en 1973. Il appartenait à l’armée mais en contradiction avec le junte militaire de Pinochet il s’exile au Mexique. Il ne rentrera qu’en 2005. Nous discutons avec lui de cette période pré Pinochet, pendant son exil et depuis son retour. Très intéressant.
Nous rentrons tardivement en prenant un des nombreux bus sillonnant la ville à grande vitesse.

Samedi 25 avril
Nous souhaitons découvrir le quartier historique mais les enfants sont saturés de se promener et souhaitent se reposer.
Nous les laissons donc tous les 3 dans le camping car avec autorisation de jouer dans le parc pendant que nous partons nous promener en ville. Ils resteront tranquillement pendant près de 2h à faire des activités manuelles, raconter des histoires et jouer dans le parc. Notre absence ne les a à peine déranger.
Pendant ce temps là, nous crapahutons dans les ruelles de la ville. La partie basse gagnée sur la mer et en lien direct avec le port est constituée d’immeubles assez haut, à l’architecture stricte. Les rues étroites renforcent cet effet d’écrasement pour les promeneurs. Heureusement, des ascenseurs extérieurs (ou funiculaires) nous permettent de prendre de la hauteur sur l’une des nombreuses collines entourant la ville. Les flancs des montagnes sont couvertes de maisons colorées mais délabrées voire des taudis qui de loin nous font penser aux favelas brésiliens.
Une chose m’a surpris, elles sont construites pour la plupart en bauge et recouvertes de tôles ondulées peintes de couleurs éclatantes. Mais la baisse d’activité portuaire et le manque d’attractivité de la ville ont appauvris la population qui n’a plus les moyens d’entretenir ces maisons.
Mais la culture de la rue est omniprésente. A chaque coin de rue, des peintures murales de styles différents jonchent les murs, les façades. De toute beauté !!! Les quartiers touristiques jouissent de quelques travaux de rénovation mais il reste beaucoup à faire.
Les enfants sont ravis de leur journée de repos et nous de ce moment seuls.

Dimanche 26 avril
Une fois les devoirs achevés, nous prenons la direction du centre ville pour goûter aux spécialités de la mer de Valparaiso dans un des restaurants de fruits de mer.
Salade de fruits de mer (crevettes, moules, ceviche, crabes…) pour certain, filets de merlus pour d’autres… garnissent notre table et comblent nos papilles. Seule Sabah notre carnassière a dégusté de la viande.
Nous digérons en marchant dans la ville basse puis sur les collines en utilisant différents ascenseurs. Nous empruntons des escaliers cachés accédant au cimetière de la ville possédant des espaces réservés pour les étrangers de Valparaiso…
Valparaiso est une ville côtière mais recroquevillée sur elle même, sans accès direct à la mer. L’activité portuaire et ses quais bardés de conteneurs venant des 4 coins du monde empêchent les habitants et les touristes de profiter de la mer.

Lundi 27 avril
C’est le jour du départ mais pas avant de jouer sur l’une des petites criques abritant une petite plage de sable. L’habituel bateau fait de sable résistant aux vagues est fabriqué par les enfants qui oublient vite la fraicheur de l’eau et se libèrent dans des jeux au milieu des vagues.
Nous quittons Valparaiso en empruntant la route Alemania qui serpente de collines en collines, reliant de nombreux belvédères sur la ville et sa baie.
Nous retrouvons l’autoroute qui nous emmènent vers la ville de Los Andes au pied de la cordillère.
Ce sera notre ville étape du jour avant d’attaquer la route des Andes et ses lassos pour passer un col à 3800 m au pied de l’Aconcagua, point culminant de l’Amérique du Sud.
Nous arrivons en fin de journée, allons faire les courses et tentons de trouver un emplacement pour la nuit. Sur un parking large, nous commençons nos manœuvres lorsque un habitant faisant son jogging nous propose de venir dormir devant chez lui, un endroit plus sûr. Ce dernier possède un camping car et est ébahi de notre Ulysse. Prenant des photos de l’extérieur, nous l’invitons à visiter l’intérieur. Quelle joie !!! Nous échangeons nos expériences. Suite à notre demande il nous donnera d’ailleurs son code wifi. Quelle gentillesse.