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frouch

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02 avril : Après une matinée studieuse, nous arpentons les salles du musée qui présente les différentes sociétés ayant vécu sur ces terres depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. Très documentée et didactique, cette exposition nous séduit et nous instruit sur les bouleversements subis par les Tehuelches (peuples indigènes du nord de la Patagonie) suite à la colonisation.

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Avant d’entrer dans la ville d’El Bolson, dont la nature généreuse des environs a autrefois attiré quelques communautés hippies, nous achetons fraises, framboises et mûres qui ravissent nos papilles.
Dans le centre ville, nous déambulons au milieu du marché local proposant des produits artisanaux pour tous les goûts. Nous ne pouvons pas nous charger de choses inutiles même esthétiques, c’est pourquoi nous préférons faire les gourmands et manger une gaufre couverte de : dulce de leche, fraises fraiches, chantilly et nappage chocolat. Un délice!!

Gaufre

En fin de journée, nous garons notre Ulysse sur la place Espana proche du centre ville.

03-04-05 et 06 avril : Nous décidons de repartir encore plus vers le nord en direction de San Carlos de Bariloche une nouvelle fois poussés par la pluie. Nous traversons des paysages montagneux somptueux même cachés partiellement par les nuages. En longeant le lac de Guillelmo, nous apercevons un bivouac situé idéalement au bord du lac dans un écrin de verdure. Nous décidons d’y passer quelques jours. Nous orientons Ulysse de manière à pouvoir observer depuis notre baie vitrée de la salle à manger (accessoirement du salon aussi…) le lac et les montagnes environnantes.

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A peine installés, je pars à la pêche avec Manao. Les eaux limpides et translucides du lac promettent de belles choses. Et dès notre première sortie, j’ai la chance de pêcher un truite arc-en-ciel de 35cm de long !!! Belle prise mais nous sommes gourmands et il est nécessaire d’en pêcher une autre pour le ceviche !!! Mais il est tard, nous tenterons de nouveau notre chance dès demain.

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Nous resterons ainsi 3 jours en alternant des matinées d’école et des après midi pêche miraculeuse, jeux… La chance sourit à Manao. Les succès répétitifs nous enivrent. Une dernière cession en fin de journée sous les couleurs apaisantes du soleil couchant me permet de passer une nouvelle fois du temps avec Manao. Du bonheur !!! Au moment de rentrer, un dernier lancer pour le plaisir. Manao m’alerte. Je ne le crois pas mais sa canne plie franchement et nous voilà tous les 2 à tirer hors de l’eau une belle truite de 40cm !! Record battu. Quelle joie!!! Nous observons également les martins pêcheurs, les caracaras et les pics à tête rouge qui peuplent cette zone.

LG oiseaux

Ce soir au menu : ceviche de truite fraiche, sauce au Tahine et pain maison. Tout simplement.
Dimanche matin, une surprise de taille: le lapin de Pâques est passé pendant nuit. Les enfants recherchent dans les recoins des bosquets nous entourant. Des dizaines de petits œufs sont récoltés et partagés équitablement. Le lapin ne pouvait pas rater les enfants car la veille ils avaient inscrits sur un carton un message indiquant leur présence….
La grille chaude du barbecue a raison du résultat de nos efforts et nous nous régalons encore une fois du fruit de notre pêche.

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Lundi 06 avril :
Les bonnes choses ont toujours un fin. Nous quittons ce lieu magique pour rentrer dans le parc naturel Nahuel Huapi connu pour ces glaciers et ces cascades.
Certaines portions des pistes serpentant dans le parc étant trop étroites, les gardes parcs ont mis en place des voies à horaire. Notre arrivée dans le parc nous permet de prendre la direction des cascadas Los Alerces.
Au bout d’un ripio d’une trentaine de kilomètres, nous atteignons le bout de la piste au pied d’un pont fermé à la circulation. Nous garons Ulysse sur les bords du lac avec une vue imprenable sur le Monte Tronador couvert de glaciers.

TRONADOR

Nous décidons de profiter de l’après midi pour partir observer les cascades Los Alerces.
Nous décidons de suivre un chemin piéton sinuant dans la foret situé sur les rives gauches de la rivière. Malheureusement, nous n’avons pas choisi le bon coté de la rivière pour observer les chutes d’eau. Ne désirant pas retourner sur nos pas, nous décidons de traverser la rivière en aval de la cascade sur une portion peu profonde. Mais le courant est important!!!! Seul Manao traverse la rivière dans sa totalité mais toujours collé à son père le cas échéant. Sabah et Naoki profitent du dos de leur père pour franchir les parties à fort courant. Quelle aventure!!!

Traversée

Nous rejoignons la plateforme d’observation des chutes et empruntons tranquillement le chemin du retour vers Ulysse.

cascades 2

Mardi 07 avril :
Aujourd’hui nous reprenons les voies à horaire pour atteindre tranquillement les flans du Monte Tronador. En approchant, de ce sommet imposant, le temps se couvre et les premières gouttes font leur apparition. Nous passons Pampa Linda et atteignons le Ventisquero Negro ou glacier noir.

pano  glacier bas

Ce dernier est constitué de la glace provenant des glaciers situés juste au dessus. Des séraques se décrochent dans le lac glacé dans un bruit sourd.
Nous continuons la route jusqu’à la Gorge du Diable. Encerclés par des falaises vertigineuses, nous observons les nombreuses chutes d’eau tout droit sorties des nuages bas qui enveloppent la montagne. Quelle magie!!!!
Nous sommes seuls, les touristes amenés en mini bus sont déjà repartis.
Je pars seul sous les gouttes à la découverte de la chute d’eau du Diable. Franchissant des barrières je parviens au pied de la chute d’eau. Un bruit assourdissant, une humidité décuplée et surtout une vue imprenable sur la vallée constituent les joies de ce lieu.

Garganta del Diablo

Mercredi 08 avril :
Nous nous réveillons au milieu de ce cirque incroyable surmonté de glaciers libérant un flux incessant d’eau sous forme de cascades gigantesques. Les nuages couvrent doucement les hauteurs et apportent rapidement une bruine. Je décide de descendre mon vélo du toit pour profiter du chemin descendant dans la vallée.
Je quitte la famille à vélo pour rejoindre initialement le glacier Castano Overo. Mais lors de l’ascension d’un chemin forestier, s’offre à moi l’opportunité de bifurquer sur un autre sentier pour atteindre le refuge d’Otto Meiling situé à 2000m d’altitude. Alternant des montées accessibles en VTT et des zones pied à terre à pousser le vélo, je ressors de la forêt avec une vue dominante et incroyable sur le glacier Castano Overo qui se jette littéralement dans le vide. Des cascades vertigineuses se fracassent 500m plus bas. De temps en temps des céraques suivent le mouvement dans un bruit assourdissant. Je n’avais jamais vu un paysage montagneux aussi fabuleux.
Mais la réalité me rappelle à l’ordre. La pluie redouble. Je suis parti sans équipement car je n’avais pas prévu d’atteindre de telles altitudes. Que faire: demi tour ou atteindre à pied cette fois le refuge situé à 30mns. Je décide de continuer. Je ne reviendrai sans doute jamais ici. Je suis trempé jusqu’à l’os. J’aperçois enfin le refuge juché sur un éperon rocheux fendant en deux un énorme glacier. INCROYABLE !!!

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Je pousse enfin la porte du refuge dans l’idée de me réchauffer un peu avant de redescendre. Des cris étranges s’échappent de la pièce commune. Je découvre alors l’équipe de montagnards en charge du refuge allongés sur des bancs et regardant un films de zombie à la télévision. L’ambiance est irréelle. Mais très vite ils me proposent de quoi me réchauffer. Un bon thé noir apportera bientôt une source de chaleur très appréciable. Comme dans tout refuge de montagnes, une ambiance chaleureuse se dégage. Un simple jeu d’échec sur une table, un poêle à bois, des skis sur les murs, une carte désignant les voies possibles sur les glaciers pour atteindre le sommet du Monte Tronador…. créent un lieu unique.il
Je veux alors partager avec les enfants cette ambiance, ce lieu. Je lui demande les frais engagés pour une famille de 5 pour le diner, la nuit dans le dortoir et le petit déjeuner. Le prix est raisonnable et mon envie se transforme alors en certitude. Le guide de haute montagne m’annonce que le temps vire au beau dès demain et doit se maintenir pour quelques jours. Tout est dit. Je n’ai plus qu’à redescendre pour prévenir Carole et les enfants.
Je regarde dehors. La pluie s’est un peu calmée, c’est le moment. Je quitte ce lieu en remerciant chaleureusement l’équipe et sans oublier de passer jeter un œil au dortoir situé à l’étage.
Léger et rempli d’espoir de partager ce lieu avec les miens je redescends entre les gouttes à bonne allure. Je retrouve plus bas mon fidèle destrier. Commence alors une descente vertigineuse sur un terrain détrempé et glissant. Je me transforme rapidement un bonhomme de boue. Au bout d’1h10, j’atteins Ulysse sous le regard médusé des enfants. Découvrir leur père dans un état pareil, du jamais vu !!! L’excitation des enfants est à son comble après l’annonce de ce projet. Mais le refuge se mérite quand même : il faut avaler les 14kms et les 1000m de dénivelé en 5h. Mais cela en vaut la peine.

Jeudi 09 avril
Les enfants se réveillent comme jamais. Les premiers debouts, ils préparent la table du petit déjeuner et sont les premiers prêts à partir.
Nous partons avec un sac de randonnée rempli de vêtements de rechange si le temps se dégrade, le sac porteur pour éventuellement porter facilement si nécessaire. Nous prenons également une salade de pâte pour l’aller, des gâteaux pour le goûter, du pain fait maison avec de la charcuterie et du fromage pour le déjeuner du retour. Seul Manao est chargé de prendre un sac avec quelques jeux et autres objets d’enfants.

Tronador 2

10h30, nous quittons Ulysse laissé sur le parking de l’hotel de Pampa Linda. Objectif : le refuge Otto Meilling à 14kms et 1000m de dénivellé.
Heureusement, le sentier forestier a séché pendant la nuit. Seuls quelques passages restent boueux mais rien à voir avec le désastre de la veille.
Arrivé face à un raidillon serpentant entre les arbres, je prend Naoki sur les épaules. Je suis heureux de m’en débarrasser 20 mns plus tard.

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Nous atteignons une crête entre 2 vallées, lieu de rassemblement de grands condors planant sans bruit au dessus de nos têtes. Quel spectacle fantastique !!!!

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Le parcours avec Naoki fût plus lent car ponctué d’arrêt pour observer les cascades, faire des reportages, jouer dans la neige….

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Mais nous arrivons enfin après 6h30 de marche.

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Nous félicitons grandement les enfants et en particulier Naoki qui aura marché tout le long sauf le raidillon.
Les enfants s’émerveillent en dehors et dans le refuge. Ils s’installent rapidement dans la salle commune et jouent aux échecs.

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Nous passons commande pour le diner de 20h et préparons nos lits dans le dortoir.
Je ne tiens pas en place et ressors immédiatement pour découvrir les limites de l’éperon rocheux accueillant le refuge. Les glaciers glissent lentement libérant de temps en temps des grondements sourds de glace se brisant. Les crevasses nombreuses, profondes découpent le glacier. Je m’approche au plus prêt tout en gardant mes distances car les crevasses sont toutes proches et je ne veux pas m’y retrouver bloquer. Les roches jouxtant le glacier sont couvertes des traces d’érosion liées au frottement prolongé de la glace. Cela révèle bien la puissance de ce dernier. Le jour se retire doucement, le froid fait son apparition, il est temps de retrouver les autres au chaud dans le refuge. Nous prenons l’apéritif au coucher du soleil. Les bougies illuminent cet espace convivial.
Cette journée s’achève par un diner sublime : échine de porcs croustillant sur un lit de purée de pommes de terre et des tournedos de bœufs accompagnés de tranches des pommes, d’oignons et de potirons. Un régal !!!! Un rêve après cette journée physique. Une crêpe nature pour les enfants et au dulce de leche pour les parents sonnent la fin du repas.
Je fais une partie d’échec avec l’un des gardiens du refuge en écoutant les autres discuter des points forts et des dysfonctionnementsnts des parcs naturels argentins.
Je rejoins ma couchette après être naturellement jeter un œil dehors pour observer les étoiles légèrement voilées.

Vendredi 10 avril.
La nuit fut mouvementée. Je ne voulais pas rater le lever du soleil. Heureusement, ce dernier se lève que vers 8h. Je sors à l’heure et j’ai la chance de voir le Monte Tronador se couvrir d’un voile rose sur ses neiges éternelles, mais aussi les nuages couvrant les vallées voisines … Carole me rejoint un peu plus tard. Nous ne nous en lassons pas.
Nous rentrons prendre un bon petit déjeuner et sortons tous ensemble observer de plus prêt les glaciers et ses effets sur son environnement.
Les gardiens du refuge m’ont indiqué que les glaciers avancent chaque année entre 200 et 400m !!! La chute des céraques du haut des falaises est importante en période estivale. Avec le réchauffement actuel, les glaciers ont perdu 7m d’épaisseur en 15 ans…
A notre retour au refuge, nous observons les 3 personnes présentes la veille partir avec un guide à travers cette mer de glace pour rejoindre un autre refuge situé à 3h de marche sur la glace. Je ne te cache pas le désir des enfants de faire la même chose mais il faut avoir au minimum 10 ans. Ce sera pour la prochaine fois….Je leur mets uniquement un peu de matériel pour la photo mais il n’aura pas servi.
Nous prenons la route du retour avec un peu de peine car la chaleur de l’accueil associée à la fraicheur des glaciers et la beauté des paysages nous ont subjugué.
Manao et Sabah ouvrent une nouvelle fois la route au pas de course. Nous leur demandons de nous attendre à certains points dangereux afin d’éviter des chutes vertigineuses. Cette fois nous faisons une halte d’une heure pour le déjeuner au soleil. Nous discutons avec des français se rendant au refuge et réalisant un grand tour du monde avec de superbes haltes (Ile de Pâques, Polynésie, Nouvelles Zélandes, Indes…). Ils sont repartis plus léger car se rendant compte qu’il est possible de le faire avec des enfants…
Naoki semble prendre le contre coup d’hier. Le sac porteur révèle sa nécessité. Je porte Naoki pendant 2 heures lui permettant de faire une bonne sieste.
Manao et Sabah font la moitié du rajet retour seuls au pas de course. Les randonneurs que l’on croise en sens inverse nous donne des nouvelles de nos deux cabris. Ils arrivent d’ailleurs 30 mns avant nous au camping car.
Le retour a duré 4 heures.
Nous décidons de rester dormir ici car nous ne voulons pas nous presser et garder ainsi le peu d’énergie qui nous reste. Nous dévorons des restes de pâtes et apprécions énormément nos lits!

Samedi 11 avril & dimanche 12 avril
Le corps un peu rouillé, je me lève plus tôt pour prendre une route à horaire nous permettant de sortir du parc.
Pendant le petit déjeuner tardif, les enfants nous révèlent doucement les parties de leur corps qui souffrent de leur course effrénée de la veille. Nous ne ferons pas de folie aujourd’hui.
Nous arrivons en fin de matinée à San Carlos de Bariloche.
Nous commençons par rechercher une usine de gaz pour remplir nos 2 bouteilles. Malheureusement, les 2 magasins de San Carlos ne peuvent nous recharger nos bouteilles et nous indiquent l’usine de gaz de El Bolson !!! Nous sommes passés devant il y a 6 jours mais nous pensions en trouver d’autres à San Carlos… Il faudra donc rebrousser chemin sur 120kms. Mais pas aujourd’hui car nous sommes samedi.
Nous traversons d’abord les quartiers pauvres, puis nous rejoignons la place centrale de la ville cassant avec l’ambiance générale car à l’image de la Suisse. En effet, les premiers colons provenaient d’Allemagne, de Suisse… Nous retrouvons ainsi une architecture faite de pierres et de bois. San Carlos de Bariloche est une ville riche et attractive elle jouit d’un enironnement exceptionnel : elle est l’entrée sud de la région des 7 lacs, possède une station de ski chic accueillant les riches de Buenos Aires.
C’est pourquoi en quittant le centre ville vers l’Ouest, nous observons un grand nombre d’hotels de haut standing les pieds dans l’eau, baignant dans les reflets du lac et de superbes villas.
Mais ces grandes propriétés privées cernent les rives du lac. Il est donc difficile de s’approcher et de se garer sur les bords de l’eau. Un peu agacé, je trouve enfin une zone ensoleillée sur le parking du port touristique au pied du Golf Spa & Resort Llao Llao qui jouit d’une réputation internationale !!!
Nous resterons la journée ici, au soleil.
Les enfants, profitant du récit d’une expérience de mon enfance, nous jettent dehors avant le déjeuner et nous prépare un petit repas. A notre retour au camping car, ces derniers avaient affiché sur la porte un écriteau sur lequel on pouvait lire :
Restaurant Ulysse.
AU menu : Anchoyade, salade de crudité et dessert yaourt et fruits
Entrée dans le camping car 2 pesos par personne .
Déjeuner : 3 pesos par personne.
Après un service de qualité, nous voici en train de leur régler la note….Nous leur proposons de le faire une fois par semaine cela nous permettra de nous reposer et eux d’avoir un peu d’argent de poche. (10 pesos argentin = 1 euro).
Nous terminons en fin de journée la visite des beaux quartiers et trouvons un bivouac pour la nuit.

Lundi 13 avril :
Je me lève au lever du soleil et amorce notre retour vers El Bolson pour recharger nos bouteilles de gaz. Ce n’est pas la première fois que nous sommes obligés de faire un détour pour reharger nos bouteilles. Mais il est parfois préférable de faire un détour de 200 km plutôt que de se retrouver sans gaz, c’est à dire sans frigo et sans cuisinière !!!
Une fois cette mission accomplie, nous reprenons la route de San Carlos de Bariloche sans omettre de nous y arrêter rapidement pour acheter de nouveaux rapalas à Manao.
Cette fois nous repartons vers le nord en direction de San Martin de los Andes et cette fameuse région des 7 lacs.
Cette fois nous trouvons un joli bivouac à proximité d’un rio et d’un petit canal récupérant l’eau du rio pour alimenter quelques résidences en contrebas.
Ce genre de bivouac est intéressant car les enfants peuvent se libérer à l’extérieur et trouver de multiples activités en particulier pour Naoki lorsque son frère et sa sœur font leurs devoirs.

Mardi 14 avril :
Après une matinée studieuse, nous rejoignons la ville de Villa Angostura, très charmante. Elle répond à une forte demande touristique mais avec goût. L’avenue principale est bordée de jolies maisons et des commerces en bois. Très propre, elle nous enchante. Nous nous garons à proximité des bomberos mais surtout à côté d’une grande aire de jeux pour les enfants. Pendant ce temps, nous nous connectons à internet et mettons à jour nos aventures pour la famille et les amis.
Cette fois nous dormons sur un parking en pleine ville.

Mercredi 15 avril.
Nous avons décidé d’accélérer un peu. Je me réveille une nouvelle fois au lever du soleil et parcourt une partie du trajet pendant le sommeil des enfants.
Vers 9h, je m’arrête le long d’un rio pour prendre le petit déjeuner et faire les devoirs.
Mais ce matin, Carole et Sabah préparent des baklavahs dont tu nous avais donné la recette. Mais il faudra attendre le diner pour les savourer.
Nous faisons une petite halte dans la ville de San Martin de los Andes, à l’image de Villa Angostura.
Le ciel se charge de nuage et la pluie fait son apparition. Le temps nous rappelle que nous sommes en automne. Les arbres se couvrent de jaune, de rouge et le froid commence à se faire sentir la nuit.
Nous ne trainons pas.

Jeudi 16 avril.
Nous faisons halte à Junin de los Andes pour les devoirs et les jeux. Malgré des pronostics météo désastreux au Chili, nous décidons d’y tenter notre chance attirés par les volcans qui bordent la frontière. Mais les nuages se densifient, le vent se lève. En traversant un bosquet d’Araucarias, nous trouvons un espace protégé. Nous sommes à 15 kms de la frontière, à l’entrée du parc national Lanin.
Les sommets environnants pris dans les nuages ne nous permettent pas d’observer le volcan Lanin culminant à 3800m.

Vendredi 17 avril :
Quelle chance. Après une nuit humide, nous nous réveillons sous un ciel bleu. Quelques nuages d’altitude accrochés au volcan se dissippent doucement et dévoilent les pentes enneigées de ce géant. De novembre à avril, un chemin de randonnée permet aux alpinistes chevronnés d’atteindre le sommet. Nous préférons l’observer depuis notre bosquet d’araucarias.
Le temps étant au beau fixe, nous annulons la matinée studieuse pour passer la frontière chilienne dès que possible et atteindre notre objectif chilien : le volcan Villarica entré en éruption le 3 mars dernier.
Mais avant, nous devons passer cette frontière chilienne. Des paperasses mais surtout le fameux contrôle phytosanitaire. C’est un casse tête à chaque fois. Aujourd’hui nous décidons de planquer nos fruits, charcuterie… dans notre lit. Mieux vaut ne pas se faire prendre….
Après être passé par l’immigration et la douane, un inspecteur entre dans Ulysse et nous demande d’ouvrir les placards, frigo… Cette fois, il repart avec des bâtons ramassés par les enfants dans le bosquet d’araucarias situé à 15kms… une demi pomme pourrie, un vieux citron et un demi paquet de lentilles. Un petit cactus acheté en Argentine il y a 6 mois ne survit pas à sa 5e tentative d’entrée au Chili… Naoki doit dire adieu à son cactus avant de le jeter.

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Cette démarche nous paraît inutile et tellement injustifiée. A chaque fois, nous traversons la frontière avec nos poubelles pleines des déchets de nos fruits et légumes cuisinés, nos restes de viandes et de poissons…

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De Tortel à Coyhaique: 14 mars au 28 mars

Nous sommes de retour sur la Carretera Austral. Le paysage qui nous y accueille est une fois de plus incroyable!!! Nous sommes au confluent de deux rios Baker et Chacabuco. Les eaux bleues laiteuses issues des glaciers de l’un se jetant dans les eaux brunes chargées de sédiments de l’autre. Les couleurs sont exacerbées par un soleil radieux. Un spectacle magnifique!!

Nous

Cette fois nous allons sillonner le sud de la mythique Carretera austral.
Nous arrivons rapidement à la petite et paisible ville de Cochrane où nous devons remplir nos stocks de nourriture vidés en prévision du passage de la frontière chilienne. Le grand magasin est à la fois l’épicerie, le magasin de bricolage, l’armurerie, la mercerie, le magasin de jouets, de vêtements… On y trouve tout ce dont les gauchos des alentours peuvent avoir besoin. C’est un immense bric à brac! Finalement pas si différent des supermarchés modernes…
Cette semaine, Cochrane est en fête et nous assistons à un rodéo local. Des cavaliers, par équipe de deux, doivent guider un veau vers une zone précise de l’arène. Chevaux et cavaliers forment des équipages d’une grande habileté. Les costumes traditionnels des gauchos chiliens ajoutent une touche pittoresque à l’ensemble.

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La piste entre Cochrane et Tortel est agréable. Elle longe lacs et torrents, sinuant aux pieds de montagnes couvertes de glaciers d’où dévalent des cascades vertigineuses.

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La végétation luxuriante trahit un climat humide qui ne tarde pas à s’exprimer. François, qui a choisi de faire une étape à vélo est contraint de l’écourter, trempé, après quelques kilomètres.

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Le matin du 16 mars, nous nous réveillons sous la pluie pour le 4e anniversaire de Naoki. Manao et Sabah ne résistent pas à l’envie de lui offrir son cadeau dès le réveil. Lui qui devait passer son anniversaire sur un voilier à Ushuaia puis dans l’avion se retrouve enfermé dans le camping car au milieu de la Patagonie chilienne… Mais c’est un jour de fête et il a le droit de décider de son programme. Ce sera donc petit déjeuner et dessin animé au lit. Journée cocooning!

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En début d’après midi nous sommes chassés de notre bivouac en bord de rivière par la montée des eaux et nous gagnons Tortel. Une balade rapide dans un froid glacial et sous un crachin tenace ne nous en donne qu’un pâle aperçu. Quelle tristesse sous la pluie!
Pour clore cette curieuse journée d’anniversaire Naoki souffle ses bougies sur un petit gâteau confectionné avec le peu de chocolat argentin qu’il nous reste. Il y a même quelques fraises (au sirop) comme il l’avait demandé!!

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Le lendemain nous nous réveillons sous un timide soleil d’automne qui suffit cependant pour nous jeter dehors à la découverte de l’étonnante ville de Tortel. Il fait très froid mais une belle lumière éclaire bientôt la ville. Les sommets alentours ont été saupoudrés de neige pendant la nuit.
Construite au bord d’un fjord, dans un région longtemps accessible seulement par voie maritime, ce village sur pilotis est resté préservé. A présent la route arrive jusqu’à l’entrée du village mais c’est à pied qu’il faut le parcourir.
Ici tout est en bois, pontons, passerelles, maisons, église, kiosques…. Au bord des passerelles, les arbustes à fleur attirent par dizaines des colibris que nous entendons plus que nous les voyons.

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Places publiques et jeux pour enfants sont couverts, laissant imaginer l’humidité du climat. Nous achetons du pain tout chaud à l’épicerie-bric-à-brac et passons un moment dans la ludothèque du village. Dans chaque bâtiment un poêle à bois apporte une chaleur réconfortante.

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Nous avons une pensée pour le courage des hommes et des femmes qui ont bâti Tortel dans une région magnifique mais inhospitalière en tentant de dompter une Nature sauvage et un climat hostile. Ici, on est très loin de tout. Cochrane le bourg le plus proche est à 122km. Entre les deux, seules quelques estancias isolées.
Aujourd’hui, Tortel vit de la pêche mais surtout du tourisme pendant la courte saison estivale.

Au delà de Tortel, il est nécessaire d’emprunter une barge pour gagner Villa O’Higgins la ville la plus australe de la Carretera distante d’une centaine de kilomètres. De là, un trek de quelques jours permet d’atteindre la ville argentine d’El Chalten . Pour nous qui ne ferons pas ce trekking, aucun intérêt à descendre plus au sud.

Avant de quitter Tortel, nous rencontrons Rodrigue un voyageur français accompagné de deux chiliens Claudio et Bernardo qui sont à la recherche d’un moyen de transport pour regagner Cochrane puis Chilecito. Nous les prenons à bord et passons un agréable moment à faire connaissance.
A Cochrane, tout le monde s’installe sur la place centrale pour un moment de détente. Manao, Sabah, Claudio et Bernardo s’essaient à un atelier dessin improvisé. Claudio donne un cours de jonglage et offre des bâtons aux enfants. Rodrigue , qui a promis une baignade aux enfants, nous fait découvrir une petite rivière dans laquelle Manao et lui piquent une tête malgré la fraîcheur de l’eau.

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Puis nous nous mettons en tête de cuisiner une fricassée avec des champignons qui foisonnent mais il faut d’abord vérifier qu’ils soient comestibles… Rodrigue et les enfants arpentent alors Cochrane à la recherche d’un connaisseur. Ils essaient la pharmacie, les petits vieux croisés dans les rues et même l’hôpital mais personne ne sait répondre à leur interrogation. Tant pis, nous en avions déjà l’eau à la bouche… Tout le monde a du mal à se séparer et on convient de poursuivre ensemble la route le lendemain. François passe la soirée avec deux couples de cyclistes français croisés sur la route. Nous connaissions déjà Solène et Guillaume rencontrés près d’El Calafate et nous faisons la connaissance de Pauline et Clément.

Le lendemain, nous reprenons la route avec Rodrigue, Claudio et Bernardo. En chemin se joint à notre joyeuse troupe une nouvelle auto-stoppeuse chilienne solitaire, Melissa. Nous faisons quelques arrêts photo, nous jetons par défi dans une rivière glacée et tentons quelques lancers de rapala. A l’arrivée à Puerto Rio Tranquilo au bord de l’immense Lac General Carrera, nous décidons de dîner tous ensemble au restaurant avant de nous séparer. Encore de belles rencontres!!

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De Puerto Rio Tranquilo? nous faisons un détour sur la « Route des glaciers » qui nous mène au pied du Glacier Exploradores. De part et d’autre de la piste de petits et de gigantesques glaciers nous dominent. Les montagnes se vident allègrement par des cascades et des torrents. Magnifique! Les sommets se couvrent de neige fraîche, l’automne pointe doucement le bout de son nez. Nous sommes le 20 mars, la veille de l’automne pour nous en hémisphère sud.

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Nous arrivons au pied du mirador sous la pluie et passons la fin de journée enfermés. Au réveil, le soleil brille et nous partons à la conquête du glacier. L’entrée du mirador étant payante et chère nous décidons d’emprunter un chemin de traverse mais nous perdons rapidement la trace du sentier mal tracé dans le pierrier et nous devons rebrousser chemin sans avoir vu le glacier.
De retour à la route, nous croisons Pauline et Clément qui partent avec un guide pour une randonnée sur la glace. Trente minutes plus tard, François réalise qu’il peut les suivre à distance jusqu’au glacier. Malheureusement le temps a filé et eux aussi. Impossible de retrouver leurs traces. A défaut de toucher le glacier, il arrive à atteindre un point de vue lui permettant de l’observer dans son environnement grandiose.

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Aujourd’hui, 21 mars, premier jour de l’automne et non du printemps. La nuit a été fraîche et nous avons du mal à sortir de nos lits. Mais le soleil réchauffe vite les esprits.
Comme très souvent la matinée est dédiée à la scolarité des enfants, Carole prend en charge le français et moi les mathématiques. Pour les autres matières (espagnol, histoire, géo, éducation civique, sciences…) nous nous les partageons suivant nos préférences. Il est parfois difficile de les motiver alors que les espaces de jeux extérieurs sont infinis mais nous tenons bon.
Le soleil brille, l’air est chaud, le lac d’un bleu tendre nous attire.

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Nous décidons de passer la journée ici avec au programme:
– pêche (Manao pêche une petite truite vite relâchée puis j’en pêche une autre qui nous permet de préparer un ceviche!!)
– baignade et jeux dans l’eau pour les enfants
– ramassage de cynorrhodons (les bords des routes sont couverts d’églantiers) pour préparer des confitures
pique nique
– lecture…

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Nous décollons vers 17h30 pour quelques kilomètres avant de nous installer au bord du rio Murta. Après quelques lancers, François ramène une belle truite !!! Nous avons assez de poissons pour préparer ce ceviche. La découpe des filets, le desquamage du poisson prend un certain temps mais c’est pour une bonne cause…

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Le soir après le dîner, nous prenons le temps de jouer avec les enfants (jeux de cartes, Trivial Pursuit…) et Carole leur raconte quelques chapitres de romans d’aventures.
Nous nous retrouvons enfin seuls vers 21h30 pour sélectionner les photos qui animeront le blog ou Facebook.

22 mars : Après une matinée studieuse, je décide de faire une étape à vélo avec les enfants. Je commence à rouler avec Manao sur le ripio habituel alternance de zones de graviers grossiers, de trous puis de zones plates plus agréables. Heureusement le paysage montagneux nous fait oublier le mal de fesses. Carole partie 45min après nous avec le camping car nous rattrape. Manao a parcouru 12kms !!!
Sabah prend alors la suite et démarre avec une sacrée descente. Elle n’apprécie pas beaucoup car elle a du mal à atteindre le levier du frein. Elle est téméraire et je ferme les yeux de peur de la voir chuter. Carole partie cette fois avant nous nous attend 5 km plus loin au grand soulagement de Sabah.

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Il ne me reste alors plus que 75kms à parcourir seul jusqu’à Villa Cerro Castillo. Lorsque je pars, la journée est finalement déjà bien avancée (il est 16h) et les placards vides ne m’offrent pas de quoi grignoter pendant le parcours. Dès le départ, une belle ascension sur 5kms me met en jambes mais les paysages sont magnifiques : montagnes aux sommets enneigés, glaciers, torrents, cascades… Superbe !!! La route est cependant toujours aussi mauvaise.
Ne possédant ni montre ni calculateur de distance, je perds un peu la notion de l’espace et du temps.
A 19h, je rencontre un chilien sur le bord de la route et après une petite discussion il m’annonce qu’il est 19h et qu’il me reste 24kms avec 2 belles côtes!!!! Ici la nuit tombe vers 20h30. Je repars après avoir rempli ma gourde directement dans un torrent d’eau fraîche. La faim commence à se faire sentir et les premiers signes d’hypoglycémie apparaissent : coup de fatigue, jambes en coton… Après 8 kms de plat, j’atteins une nouvelle côte. Impossible de la gravir, je suis obligé de descendre de vélo et de pousser. J’atteins tant bien que mal le sommet et apprécie la descente. Mais à la dernière côte, je cale. Plus rien ne fonctionne. Je pousse alors mon vélo. Je vois quelques véhicules me doubler mais je ne suis pas encore prêt à faire du stop. Enfin, en haut d’une petite côte, le chauffeur d’un pick up arrêté sur le bas côté me fait signe de monter. Mon sauveur!! J’accepte avec grand plaisir!!
Une fois chargé le vélo à l’arrière, je monte dans la benne arrière exténué. Je ne sens même pas les nombreuses secousses dues à la mauvaise qualité de la piste. Je mange de la poussière en contemplant le Cerro Castillo au sommet enneigé dominant la vallée du rio Ibanez. Superbe !!! La nuit tombe, la lune pointe le bout de son nez.
Après 10kms, mes sauveurs me déposent à l’entrée de Villa Cerro Castillo et je retrouver Carole qui s’apprêtait à venir me chercher. Il est 20h30. Je suis exténué, gelé, affamé…
Je dévore le dîner et prend une bonne douche réparatrice. Quelle journée !!!
Morale de l’histoire : toujours partir avec des provisions pour recharger les batteries!!

23 mars : Après une bonne nuit je suis heureux de voir que la mésaventure de la veille n’a laissé aucune trace hormis une petite douleur au genou droit. Ça passera…
Nous décidons de profiter de la journée dans cette petite ville paisible dominée par le Cerro Castillo.
Ce matin, c’est mon tour d’école et nous travaillons les mathématiques.
A vrai dire, c’est une journée de repos. Nous restons sur la petite place centrale à proximité des jeux pour le bonheur des petits (qui y jouent) et des grands (nous avons du temps libre pour faire la sieste). Les enfants sont très autonomes. Ils prennent les vélos et se baladent dans le village (vu l’activité dans la journée pas de grands risques!).

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En fin de journée nous allons réserver une promenade à cheval pour le lendemain. Les enfants sont excités, ils attendaient cette cabalgata depuis longtemps…

24 mars : Les enfants ne se réveillent jamais aussi tôt et aussi énergiquement. Avant même de sortir de notre lit, ils sont déjà habillés, ont mis la table du petit déjeuner et l’ont attaqué !!! Si il pouvait avoir autant d’entrain pour faire l’école… Mais une journée à cheval cela change de l' »ordinaire ».
Nous arrivons à 9h45 dans le camping où nous rencontrons notre guide pour la journée. Les chevaux sont harnachés, nous avons droit à quelques conseils pour les guider et c’est parti!

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Manao et Sabah guident chacun leur cheval et Naoki est en selle devant Carole sur une peau de mouton bien confortable… L’objectif de la journée, atteindre le lac situé au pied du Cerro Castillo. Quatre heures de cheval et deux heures de marche pour un dénivelé total de 1000m !!! Aucun d’entre nous n’est réellement expérimenté en équitation mais François est tout à fait débutant.

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Cette promenade s’avère incroyable! La beauté des paysages, l’agilité et l’endurance des chevaux qui s’aventurent sur des terrains escarpés, tout concourt à rendre cette expérience inoubliable.

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François doit porter Naoki sur ses épaules pendant l’ascension à pied particulièrement raide et difficile mais le panorama final en vaut la chandelle!

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Alors que nous n’étions que tous les cinq avec le guide, nous avons vu arriver un voyageur japonais prénommé Sin qui nous a accompagné pour la cabalgata. Ce dernier est parti d’Anchorage il y a 2 ans et a parcouru 27 000 kms ….à vélo !!!! Seul, il cherche l’aventure du haut de ses 29 ans. Il compte rejoindre Ushuaïa dans un mois puis prévoit de parcourir l’Europe, puis l’Afrique du Sud et les pays voisins, avant de terminer par l’Asie !!!! Il se donne encore 2 ou 3 ans. Incroyable!! Des rencontres de ce type, nous en faisons régulièrement.

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Au retour de la cabalgata, le propriétaire du camping nous propose de nous installer sur son terrain. Nous acceptons avec plaisir et nous délectons d’une douche chaude sans modération puisque l’eau provient de la rivière en contrebas et qu’elle est chauffée par un poêle à bois. Nous profitons même de l’endroit pour ramasser cynorrhodons et sureaux qui feront de délicieuses confitures.

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25 mars : Nous décidons de quitter Cerro Castillo avec un petit pincement au cœur car cet endroit nous a enchanté. Calme et sérénité dans un cadre incroyable! Nous prenons la route vers le nord pour rejoindre Coyhaique. Cette ville de 50 000 habitants est la plus importante de la région. Les prairies cultivées ont remplacé les montagnes couvertes de nothofagus. Le choc est un peu rude après une semaine passée dans une nature pleine et vivante.
La ville et ses sollicitations! Tout nous fait envie et nous commençons par succomber à l’appel d’une bonne parrilla! De la viande, toujours de la viande en Patagonie!
La ville est synonyme de courses et cette fois nous devons remplir nos réserves. Nous trouvons de quoi cuisiner un bon osso bucco de bœuf, une sauce bolognaise, une grande diversité de fruits et de légumes. On va se régaler!
Nous retrouvons les deux couples de cyclistes français que nous suivons depuis Cochrane et nous passons la soirée avec eux. C’est l’anniversaire de Solène et l’occasion de manger dans une bonne pizzeria.

26 – 27 et 28 mars se ressemblent.
En effet nous avons découvert la bibliothèque de la ville qui possède un secteur enfant qui ravit nos 3 têtes blondes. Nous y passons quasiment 3 journées pleines.
Nous dormons dans une rue à proximité du centre ville et d’une boulangerie dans laquelle nous nous approvisionnons tous les matins. Nos petits déjeuners sentent bons le pain chaud mais attention rien à voir avec nos baguettes croquantes ici on trouve plutôt des petits pains blancs ronds de 2 cm d’épaisseur.
Nous partons à pied pour atteindre la bibliothèque à 10h, à son ouverture. Nous commençons par les devoirs des enfants sur des tables appropriées. Les enfants sont heureux cela change de la table du camping car. Pendant ce temps là, Naoki épluche des livres espagnols.

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Nous rentrons déjeuner dans le camping car pendant la fermeture du midi et revenons l’après midi.
Pendant que nous profitons d’une bonne connexion internet pour donner des nouvelles et lire les nouvelles du monde, les enfants font connaissance avec les bibliothécaires. Elles sont heureuses de partager leur temps avec eux (déguisement et maquillage de Naoki, lecture avec Manao et Sabah…). Les enfants se débrouillent seuls pour échanger avec elles. Ils font de beaux progrès. Manao parle mieux que moi et comprend vite. C’est super!
Le soir, la place centrale est assaillie par de jeunes artisans itinérants réalisant de jolis bijoux avec des fils métalliques mais aussi des dents de requins et de lions de mer. Cela nous a rappelé que nous avions trouvé au mois de décembre un crâne de lion de mer sur une plage. De taille imposante, nous ne pouvions le garder entier, j’avais donc décidé de récupérer seulement les canines de taille remarquable. Nous les récupérons puis les faisons monter en pendentif. Les enfants sont fiers.
Après ces quelques jours de repos, nous décidons enfin de quitter Coyhaique.

29 mars :
La pluie est de retour et met ainsi à mal mon désir de faire une nouvelle étape à vélo entre Coyhaique et Puerto Aysen plus au nord.
Avec Carole, nous avons revu notre parcours de remontée vers le nord. La semaine paraissant particulièrement humide sur la carretera austral, nous décidons d’accélérer le mouvement et d’atteindre assez rapidement la ville d’Esquel côté argentin puis la ville de Bariloche.
Pour atteindre notre but, nous prenons la direction de Puyuhuapi à 250km plus au nord. La route longe des rios regorgeant de truites au pied des montagnes.
La carretera australe est une route touristique très prisée des cyclotouristes mais aussi des auto stoppeurs. Cette fois, nous prenons à bord 3 israéliens partis en début d’année.

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Nous échangeons sur leur mode de vie. Nous sommes surpris des conditions de vie des israéliens qui, une fois le lycée terminé vers 18 ans, tous doivent réaliser leur service militaire : 2 ans pour les filles, 3 ans pour les gars et 5 ans pour ceux qui deviennent officier !!! Suite à ce service militaire pouvant être éprouvant, beaucoup d’entre eux travaillent pendant un an pour mettre de l’argent de coté et ainsi partir voyager l’année suivante. Amériques ou Australie pour les plus riches. Asie pour les autres.
Ils ont même eu le temps de nous faire du café israélien assez fort puis une recette de tahine utilisant du citron, de l’eau, du tahine et sel poivre. Un vrai délice !!!
Nous arrivons enfin à Puyuhuapi en fin d’après midi. Ce village est situé au fond d’un large fjord et entouré de montagnes aux sommets enneigés. Dommage que ce tableau soit couvert d’un ciel nuageux. Mais demain, si le temps ne tourne pas à l’orage nous allons sans doute pouvoir recharger les batteries dans des thermes d’eau chaudes aménagées au bord de l’eau….

30 mars : les enfants ne sont pas très concentrés ce matin. Sans doute ont-ils déjà la tête dans les bassins d’eau chaude. Malheureusement pour eux, nous serons plus sévères demain…
Nous nous dirigeons donc vers des thermes aménagés le long d’un fjord, le temps est maussade.
Quelques percées du soleil nous réchauffent mais quel endroit incroyable. Nous sommes plongés dans un bassin à 35 voire 40° le regard perdu sur les eaux du fjord. Quelques dauphins s’ébattent à quelques encablures avec les montagnes en arrière plan. Inoubliable !!!

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En plus, la saison s’achevant, nous sommes seuls.
Les enfants chahutent pendant des heures pendant que les grands se prélassent et lisent.
Du bonheur!

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De retour à la ville de Puyuhuapi, nous déambulant dans les ruelles.
Nous croisons une nouvelle fois un couple de cyclistes que nous suivons depuis quelques jours, Clément et Pauline, et passons notre soirée à échanger nos expériences.

31 mars : Depuis Puyuhuapi, le temps pluvieux et les premières fraicheurs nous ont poussé à quitter la Carretera Austral. Nous traversons une portion de la route en travaux avec des portions boueuses et glissantes qui me donnent certaines sueurs froides. Au pire les engins du chantier viendront me sortir de ma mauvaise posture….
Nous reprenons la piste ereintante entre La Junta et Futaleufu déjà réalisée en partie il y a 1 mois. Heureusement que le paysage traversé nous enchante : montagnes couvertes d’arbres (des nothofagus en majorité), quelques glaciers et la neige sur les sommets toute fraiche nous rappelle que l’hiver approche doucement. J’essaie d’imaginer la beauté de ce paysage en plein hiver, la neige recouvrant tout ce paysage, les fjords du Pacifique remués par les tempêtes.
Après une grosse journée de route, nous trouvons un autre bivouac au bord d’un torrent très connus pour les sports d’eaux vives (kayak, rafting..). François est tenté par l’expérience mais un peu cher et les enfants sont trop jeunes. Il paraît qu’il existe de beaux torrents au Pérou et que les prix y sont modiques. Nous attendrons alors. Mais nous sortons quand même les cannes à pêche avec de la réussite pour Manao.

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01 avril : Nous rejoignons la ville de Futaleufu au petit matin et nous faisons l’école des enfants dans la bibliothèque comme cela Naoki peut lire tranquillement une grande quantité de livres pour enfants.
Au moment de quitter la ville pour rejoindre la frontière située à 10 kms, nous retrouvons nos israéliens laissés à Puyuhuapi et qui essaient de rejoindre Esquel en Argentine. Nous les reprenons une nouvelle fois avec nous. Au nombre de 6, nous trouvons largement de quoi discuter. Entre les différents points de passage de douanes, Manao s’improvise professeur d’espagnol en communiquant en…. anglais. Ce sont des moments comme celui-ci qui permettent à Manao de progresser et de prendre confiance en lui.
Nous pensons d’ailleurs avec Carole nous arrêter tout le mois de mai en Uruguay et mettre les enfants à l’école pour qu’ils s’imprègnent totalement. Manao a été rapidement emballé par cette idée car il réalise les progrès rapides qu’il fait en espagnol et espère parler couramment avant la fin du voyage. Sabah, plus réticente, a pourtant été très facile à motiver. Ils s’imaginent déjà parler anglais et espagnol au retour pour n’avoir plus que le chinois et l’arabe à apprendre…
Nous déposons notre équipe à la station de bus d’Esquel. Pour nous remercier, d’un d’entre eux m’offre même un bonnet en laine fabriqué sur les plateaux du Golan !!!!

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Nous connaissons déjà Esquel où nous avons déjà fait étape deux fois, nous repartons donc immédiatement vers le nord en retrouvant la mythique route 40.
Nous faisons halte pour la nuit sur le parking du musée Leleque consacré à l’histoire de la Patagonie.

Route Los Antiguos-Paso Roballos, estancia La Frontera : du 10 au 13 mars 2015

Pour retourner au Chili, nous faisons un détour pour emprunter une piste longeant la frontière dont plusieurs voyageurs nous ont vanté la beauté. Lors de notre passage à Los Antiguos au mois de novembre précédent, nous pensions déjà suivre cette route pour descendre vers El Chalten mais la pluie l’avait rendue impraticable. Nous sommes donc de retour 3 mois plus tard, bien décidés à passer!
Nous quittons Los Antiguos en direction du Paso Roballos (passage de frontière) en début d’après-midi. Nous ne croisons aucun véhicule et découvrons un paysage splendide, d’une grande variété, dont les couleurs chaudes nous enchantent une fois de plus. Partout, de magnifiques lièvres de Patagonie s’enfuient sur notre passage.

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Sur cette première portion de la piste il est difficile de trouver un bivouac. Nous nous installons finalement au bord d’une rivière à proximité d’une estancia. Alors que François et les enfants partent pêcher et explorer les alentours, le propriétaire des lieux se présente pour réclamer quelques pesos pour pouvoir bivouaquer sur son territoire. Etant réticente à l’idée de monnayer le droit de nous installer en pleine nature sans aucun confort, je préfère répondre que nous allons partir. A leur retour, François et les enfants réussissent à me convaincre de rester, enchantés par les lieux et peu enclins à reprendre la piste en cette fin d’après-midi.
Ils repartent donc à pied en direction de l’estancia pour régler la somme dûe. Ils sont très bien accueillis, admirent les chevaux dans leur enclos et observent avec dégoût la découpe d’un cadavre équin encore chaud.

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Alejandro, le propriétaire, nous propose pour le lendemain une balade à cheval et un asado. Nous cherchions depuis longtemps l’occasion de faire du cheval dans la pampa argentine et acceptons donc cette opportunité. Sabah la carnassière salive déjà à l’idée de la viande que nous dégusterons…
Le lendemain de bonne heure, nous voilà donc en train d’observer Alejandro et l’un de ses acolytes attraper et seller les chevaux. Alejandro voudrait développer le tourisme dans son estancia et il est plein de bonne volonté mais l’organisation est encore balbutiante… Une fois les chevaux sellés, il nous propose donc de partir seuls faire un tour dans les environs. Ce n’est pas ce à quoi nous nous attendions… Nous sommes tous des débutants et nous ne nous sentons pas capables d’une telle équipée, ce sera donc juste quelques tours de manège… Mais les enfants sont contents.

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L’asado de mouton est un régal!! Les yeux brillent devant cette abondance de viande grillée.

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L’après-midi est dédiée à une visite de l’immense territoire de l’estancia: 60km² de pampa, montagnes, canyons, rivières…
Alejandro nous invite à dormir à côté de l’estancia pour profiter des installations sanitaires sommaires. Il a la tête pleine de projets pour développer le tourisme et rêve de créer une station de ski sur ses montagnes… Il résiste courageusement aux entreprises minières qui lui font des offres alléchantes car il connaît l’effet dévastateur de ces exploitations sur la nature environnante.
Trois gauchos travaillent là à l’année pour surveiller ses 11 000 moutons et 8000 vaches et entretenir les kilomètres de clotûres. Les principaux adversaires des gauchos, les voleurs de bétail et les pumas. Pour contrer ces deux dangers, ils parcourent à cheval quotidiennement cet immense territoire. Les propriétaires terriens s’arrogent tous les droits sur leur terrain et notamment celui de faire justice eux-mêmes. Gare aux voleurs pris la main dans le sac… Quant aux pumas, les gauchos qui les tuent sont récompenser par les propriétaires qui vendent ensuite la peau un bon prix. Quelle tristesse pour nous d’apprendre que ce bel animal est ici traqué… Quatre à cinq pumas sont tués chaque année dans l’estancia La Frontear et nous imaginons alors l’hécatombe au niveau national!! Cependant leur appétit est énorme puisqu’un puma peut tuer jusqu’à un mouton par jour dont il ne mange en fait qu’une petite partie. Ici c’est oeil pour oeil; dent pour dent!!
Nous partageons deux jours avec Alejandro et ses gauchos. Les enfants passent leurs journées dehors à jouer avec les 12 chiens, ils sont ici les rois et Alejandro ne sait que faire pour les contenter.

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François s’essaie à la pêche mais sans succès. Alejandro nous prépare de bons plats et je lui cuisine un gâteau au chocolat fondant qu’il déguste et il réclame à nouveau le lendemain…
Ne quittons Alejandro très ému après deux journées passées en sa compagnie. Les gauchos aiment la nature et la solitude mais la présence de nos petites têtes blondes ont bouleversé et égayé pour quelques heures leur quotidien. Ce fut une belle parenthèse, une rencontre enrichissante avec l’un de ces hommes qui continuent à faire vivre la Patagonie.

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Nous profitons encore un peu de ces espaces magnifiques pour quelques balades et un bivouac à l’entrée d’une vallée. Nous sommes une fois de plus seuls au monde entourés d’une nature sauvage. Nous ne croisons que quelques bêtes de l’énorme troupeau de l’estancia, échouées sur la piste.

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Nous atteignons finalement le poste frontière du Paso Roballo, perdu loin de tout, après trois jours et trois nuits passés sur cette piste fabuleuse. Un de nos très bons souvenirs de l’ Argentine!!

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La piste chilienne entre le Paso et la Carretera est très belle. Les guanacos sont de retour!!

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du 11 au 15 février 2015:
L’île de Chiloe, grande comme la Corse, est célèbre au Chili pour ses dizaines d’églises en bois classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, pour son folklore riche de légendes et créatures étranges (le Trauco…) et pour sa pluviométrie record… Cette ile fière, restée longtemps isolée du reste du Chili , voit peu a peu ses eaux envahies par des dizaines d’usines aquacoles. Cette activité aux effets environnementaux controverses permet cependant au Chili de se placer parmi les premiers exportateurs mondiaux de saumon.

Au cours de la traversée en ferry qui nous permet de rejoindre le nord de Chiloe, nous observons dauphins, lions de mers et pélicans planant juste au dessus de la surface de l’eau et faisant la course avec les cargos partant au large.
A peine débarqués, nous découvrons avec surprise un panneau directionnel indiquant la ville de Manao. Je ne vous cache pas l’irrésistible envie de notre grand garçon de découvrir une ville portant son nom!!! Après quelques kilomètres, nous entrons dans un village dont les édifices affichent fièrement le nom : escuela Manao, capilla Manao… L’excitation est a son comble dans le camping car ! Nous pique niquons finalement sur la plage de Manao en observant des dauphins chassant à quelques mètres de la rive.

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Nous rejoignons ensuite la principale ville du nord de l’Ile : Ancud.
Un arrêt au port nous permet d’apprécier le produit de la pêche locale (barracudas, saumons, moules et autres coquillages…). Nous craquons pour un demi saumon (2,5kg sans arêtes) pour seulement 3,5 euros !!! Ok il s’agit probablement d’ un saumon échappé d’une ferme aquacole et engraissé aux farines animales… On est loin de l’image du saumon sauvage du Pacifique ayant nagé librement dans les fjords chiliens, mais nous nous en délectons cependant comme de l’un des premiers poissons frais mangés depuis le début de notre voyage. Nous le mangeons en ceviche (spécialité chilienne de poisson cru mariné dans le citron et agrémenté d’orange, de courgettes, de poivrons et de gingembre: merci Agnès et Alexandre).
Le temps maussade puis pluvieux accentue le caractère sombre de la ville avec ses rues encadrées de maisons sans couleur et sans vie. Les quelques personnes s’aventurant au dehors marchent rapidement, protégées sous les auvents ou les terrasses des habitations.

Nous passons notre première nuit sur une plage à l’abri de dunes qui se révèleront, le lendemain, un superbe terrain de jeu pour les enfants ravis de s’y aventurer et d’y observer les oiseaux.

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En pénétrant plus au sud de l’île, nous y admirons son paysage caractéristique, un doux relief constitué d’ une succession de collines tantôt boisées, tantôt couvertes de prairies. On se croirait en Irlande…
De la côte orientale se détachent de multiples îles de tailles variables formant de larges baies propices à l’aquaculture. Un petit air du golfe du Morbihan… Pas très dépaysant tout ça!

Nous décidons de découvrir la petite île de Lempuy. Le bac part de la jolie ville de Chonchi aux ruelles escarpées, aux maisons anciennes en bois et au front de mer propice aux balades.

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Nous mettons le pied sur Lempuy que nous traversons sur son unique route, sinueuse et accidentée. La plupart des églises en bois qui en font la réputation sont malheureusement fermées. Par chance, nous réussissons à pénétrer dans celle de Dietif à l’extrémité est de l’ile.
L’eau cristalline et le soleil au zénith suffisent aux enfants pour braver la fraîcheur de l’eau.

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Une fois de retour sur Chiloe, nous décidons de faire enfin face au plus grand océan du monde, le Pacifique.
Un halte au parc national de Chiloe nous déçoit un peu. On y traverse une végétation de région humide qui ne nous surprend guère. Nous nous essayons cependant à une nouvelle activité: le funambulisme. Bravo Manao!

Par contre la longue plage de sable de Cucao face au Pacifique se révèle d’une beauté incroyable. Le ciel s’associe à la plage pour nous désorienter, la brume créée par les embruns nous envoûte. Les enfants finissent une nouvelle fois les fesses dans l’eau malgré la température glaciale de l’eau. Nous sommes en plein week-end de vacances scolaires et nombreux vacanciers viennent sillonner la plage à pied, en quad ou en 4×4.

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Castro, ville principale de l’île, est bien connue pour ses maisons sur pilotis aux couleurs chatoyantes à mille lieues de la morosité d’Ancud.
Au cours d’une promenade nocturne sur la Place des armes bordée par la cathédrale San Francisco d’un jaune éblouissant , nous sommes éblouis par la virtuosité d’un peintre utilisant des bombes de peinture. Nous finissons la soirée dans un petit restaurant sympathique sur le port où nous fêtons par anticipation l’anniversaire de Carole.

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Nous rejoignons enfin la petite ville de Dalcahue d’où part le ferry pour l’île de Quinchao. L’architecture en bois des églises et des maisons qui sont recouvertes de planchettes disposées telles des écailles de poissons nous séduit.
Nous sommes le 15 février, Carole fête ses 36 ans. Les enfants ont confectionné des cadeaux pendant plusieurs jours et ont hâte de les offrir : Sabah a réalisé un petit livre de dessins relatant des moments forts de partage, Manao des fleurs en papier aux pétales couverts de mots d’amour en plusieurs langues et enfin Naoki un dessin avec les prénoms de toute la famille.

Nous dormons dans le très joli village de Tenaun, qui abrite la maison de Francisco Coloane, un des principaux écrivains chiliens. Il est notamment l’auteur d’un recueil des légendes chilotes. Nous nous attardons dans la bibliothèque du village, superbe, suspendue au dessus de la mer et recélant des trésors pour les enfants et pour les grands.

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Naoki quitte Chiloe en répétant la légende du Trauco, nain répugnant qui se muait en bel homme pour plaire aux femmes des marins partis en mer. Au début un peu effrayé par cette histoire, il en est devenu passionné.

La Carretera Austral
Cette route, prolongation de la Panaméricaine qui part d’Alaska, relie Puerto Montt à Villa O’Higgins. Au delà, le relief ne permet pas d’accès routier et l’extrême sud du Chili ne peut-être atteint qu’en passant par l’Argentine.
La Carretera Austral traverse des régions hostiles restées longtemps isolées du reste du Chili. Débutés en 1976 sur ordre de Pinochet tombé amoureux de la Patagonie en même temps que de l’une de ses habitantes, les travaux ont permis de construire cette route du bout du monde entre fjords, forêts, volcans, glaciers, cascades et lacs.

Nous sommes surpris par la végétation luxuriante qui recouvre le pan des montagnes. Fougères, gunneras, mousses et lichens poussent ici à profusion. La route est bordée d’une forêt impénétrable en dehors des accès aménagés.

La ville de Chaiten est située entre mer et volcans au fond d’un fjord. L’éruption du volcan Chaiten en 2008 après 10 000 ans de sommeil a surpris la population qui a cependant eu le temps d’evacuer les lieux. Un immense panache de cendre a recouvert la région. Il a fallu quelques années avant que la ville ne soit de nouveau accessible. La vie a repris ses droits et Chaiten peut passer pour une ville comme les autres pour le voyageur de passage non informé de son passé. Seule une maison à demi enfouie dans la cendre a été conservée, comme pour ne pas oublier trop vite.

Chaiten

La nature environnante garde quant à elle de profondes séquelles. D’immenses étendues d’arbres morts aux pieds enfouis dans la cendre recouvrent les flancs du volcan. Une randonnée jusqu’à son sommet permet de prendre la réelle mesure des dégâts. On grimpe au milieu d’une végétation luxuriante profitant de la fertilité du sol avant d’atteindre un espace désolé où ne se dressent que quelques arbres morts.

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Au sommet, le cratère est comblé par 200 mètres de débris dont s’échappent des fumerolles témoignant d’une activité résiduelle.

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Playa Santa Barbara
A quelques encablures de Chaiten, nous découvrons par hasard une plage incroyable bordée par une forêt impénétrable.

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L’endroit est idyllique et la magie complète à l’arrivée de bancs de dauphins et de groupes de lions de mer qui longent la plage pendant toute la matinée. Nous sommes comme des fous devant ce spectacle!

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Parc Pumalin
Le parc naturel Pumalin est le plus grand parc privé du Chili. De nombreux chemins de randonnées y ont été aménagés et son accès est gratuit (ce qui est exceptionnel dans ce pays…). Deux volcans dominent le parc, le Chaiten et le Michinmahuida
Au programme:
– randonnées jusqu’au cratère du volcan Chaiten
– randonnées vers des cascades cachées au sein de la forêt humide,

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– baignade dans des sources d’eau chaude,

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– observation d’alerces (une des essences d’arbre les plus anciennes de la planète),…

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Nous traversons le parc une première fois en allant vers Chiloé sans imaginer les trésors qu’il recèle. Au retour nous y croisons par hasard les « Aléa » qui nous incitent à le découvrir dans ses moindres recoins. Pas déçus! ! Nous y restons 6 jours.

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Ruta bimodal
Entre Caleta Gonzalo et Hornopiren, la Carretera austral est brutalement interrompue par de larges fjords. La poursuite du voyage ne peut se faire que par voie maritime en empruntant deux ferrys pour une navigation d’un peu plus de quatre heures.

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C’est l’occasion d’admirer un paysage grandiose de montagnes couvertes d’une végétation impénétrable dégringolant jusqu’à l’eau.
En attendant le ferry à Caleta Gonzalo, nous restons sans voix devant un incroyable ballet de dauphins. Ils chassent tout près de la plage et font des bonds hors de l’eau!!

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De nombreuses rencontres ponctuent notre voyage, en particulier Ximena et Vicente, des autostoppeurs qui offrent un délice de Nutella aux enfants et aux grands!!! Belles parties de rigolade!!!! Puis nous nous transformons en transport en commun pour quelques kilomètres…

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Hornopiren et ruta costera
La petite ville d’Hornopiren nous ravit. Nous bivouaquons au bord du fjord à quelques centaines de mètres de la place central.
L’activité de la ville est largement tournée vers la mer. Pêche, aquaculture, ramassage d’algues.

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Nous dégustons des fruits de mer et du poisson pour la première fois depuis bien longtemps. Délice!

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A notre arrivée, des affiches annonçant une course cycliste pour le surlendemain interpellent François qui se laisse tenter par une épreuve de 70km.
Entre temps nous passons une après-midi aux thermes de Pichicolo, source d’eau chaude naturelle en pleine forêt. Délassement et bien -être au milieu d’un écrin de verdure!

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Le jour J François est au rendez-vous avec les réserves de nourriture et d’eau qu’il pense nécessaires pour cette journée de vélo. Il revient 3h plus tard, fatigué mais rayonnant. Il pensait prendre son temps mais s’est finalement pris au jeu de la course.
Les enfants jubilent lorsqu’il est appelé pour la remise de médaille du concurrent le plus exotique…

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Nous quittons Hornopiren en longeant la côte au milieu de petits villages de pêcheurs. Le bois est omniprésent dans les constructions.
Les mûriers nous offrent leurs premiers fruits. Nous nous régalons!!

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Puerto Montt

Une grande ville pour faire les achats nécessaires à notre embarquement prochain et renouveler la garde robe des enfants qui grandissent.
Nous achetons des myrtilles et des groseilles dont nous gardons tous un souvenir ému…

Esquel: 28 janvier 2015
Nous ne faisons que passer à Esquel mais nous y découvrons l’un de nos bivouacs préférés. Au bord de la laguna Zeta nous passons deux journées délicieuses. Le paysage est magnifique et des chevaux en liberté qui viennent s’abreuver dans la lagune complètent ce tableau merveilleux.

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Le beau temps est au rendez-vous et nous nous baignons tous avec plaisir dans une eau beaucoup moins fraîche que ne pouvait l’être l’océan. François fait une belle balade en VTT autour du lac.

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Futaleufu: 02 février 2015
Sixième passage de douane (dont cinq entre le Chili et l’Argentine). Comme toujours petite anxiété au moment du passage vers le Chili dont les règles sanitaires sont strictes sans que l’on réussisse cependant à bien les comprendre. Plus de fruits ni de légumes frais dans nos placards, plus de viande ni de charcuterie au réfrigérateur mais les fromages et les produits surgelés vont ils passés? Finalement nous nous en tirons bien avec seulement la nécessité de jeter de la coriandre surgelée.

La différence de végétation entre l’Argentine et le Chili nous impressionne une nouvelle fois. Le paysage de steppe laisse brutalement place à des forêts luxuriantes.

La ville de Futaleufu et la vallée qui mène jusqu’à la Carretera sont le point de rencontre des passionnés de rafting et autres sports d’eaux vives. Des torrents aux eaux tumultueuses bordent la route.

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François fait quelques étapes à vélo seul puis avec Manao.
L’état de la route est particulièrement mauvais rendant le trajet inconfortable.

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Pour la remontée vers le nord, nous choisissons de suivre la côte atlantique argentine. Nous n’en connaissons pas la partie la plus australe et les routes y sont de bonne qualité (pas de ripio!!!).

Nous réalisons deux escales techniques pour Ulysse :
La première à Rio Grande sur la Terre de Feu pour changer nos deux pneus avants dont les témoins d’usure sont atteints.
Dans une première gomeria, on nous propose des pneus paraissant convenir mais qui s’avèrent trop petits une fois le premier monté. Le quiproquo nous vaut quelques remarques désobligeantes du garagiste qui doit défaire son travail. Moyennant quelques pesos et excuses, nous repartons avec nos anciens pneus. Nous trouvons notre bonheur dans un seconde gomeria dans laquelle nous somes très bien accueillis.
La seconde à Rio Gallegos :
– vidange et changement des filtres. Alors qu’Ulysse est sur le pont, je remarque que le pare-buffle avant est branlant. Un ferronnier présent au garage resoude l’ensemble. Si le pare buffle se fragilise à nouveau, je le ferais démonter définitivement.
– contrôle du parallélisme : les anciens pneus avant ayant subis des usures asymétriques.

Mais notre réelle destination sur cette côte est le Parc national Monte Leon. Plusieurs voyageurs nous avaient vanté avec raison la beauté et la richesse des lieux.
Les flamants roses observés à quelques encablures du parc et les panneaux de signalisation éveillent notre curiosité.

Monte Leon 1

Nous y passons quatre journées à observer une large colonie de cormorans implantée sur une île accessible à marée basse, une loberia (colonie de lions de mer) située en contre bas d’un belvédère, une immense colonie de manchots de Magellan installée dans une large baie (les œufs ont éclos et nous observons de tout jeunes manchots), des nandus, des zorros, des guanacos, des moufettes…

Cormorans Parc Monte Leon
Cormorans Parc Monte Leon

Manchots de Magellan - Parc Monte Leon
Manchots de Magellan – Parc Monte Leon

Mais l’une des particularités de ce parc est la présence de pumas dans les reliefs alentours, la colonie de manchots constituant une immense réserve de nourriture. Les consignes sont claires dès l’arrivée : ne pas laisser les enfants jouer sans surveillance, ne pas s’éloigner du camp à l’aurore ou au crépuscule et rester enfermé dès la tombée de la nuit. Nous trouvons ces règles un peu strictes et peu justifiées, le puma n’est pas un animal connu pour son agressivité…

Nous souhaitons au contraire essayer d’observer ce bel animal dans son milieu naturel. Le puma passe la journée dans une grotte et sort au crépuscule pour se rendre vers son garde manger. Nous décidons donc d’aller dîner au départ du sentier accédant à la pinguineria et de retourner à vitesse très réduite vers le campement afin de tenter notre chance. Mais les guardaparques surveillent et nous demandent de regagner le camp avant 20h. Nous jouons la désobéissance et prenons un peu de retard, puis nous roulons au pas, Manao, Sabah et François sur le toit, jumelles vissées sur le nez, à la recherche du moindre mouvement suspect.

Recherche de pumas
Recherche de pumas

Sur le chemin nous croisons le camping-car des « Aléa » (arrivés la veille) également à la recherche du « fauve sanguinaire ». Nous réalisons une première liaison au campement sans signe de l’animal. Nous décidons de faire demi tour et de retenter notre chance. Il est près de 21h30 lorsque nous apercevons…. une moufette. Nous nous jetons à sa poursuite pour obtenir son meilleur profil en oubliant les règles élémentaires de sécurité une fois entrés dans le terrain de chasse des pumas !!! Mais la présence de petits enfants dodus n’a pas attiré le félin. Ouf…
Nous remontons dans Ulysse et, un peu abattus, décidons de rentrer.
Sur le chemin du retour, nous rejoignons les « Aléas » qui nous font signe et nous indiquent une direction. Après une observation minutieuse du paysage se voilant de l’ombre de la nuit, une tache blanche, lointaine, furtive, se déplaçant doucement apparaît dans notre champ de vision. A travers les jumelles, nous reconnaissons un puma !!!! Mais ce dernier est aussi petit qu’une tête d’épingle ne restera qu’une vision fantomatique pour les enfants. L’excitation de cette découverte laisse vite la place à une certaine amertume due à la distance.
Quelques instants plus tard, des faisceaux lumineux apparaissent au loin annonçant la venue de la garde parc. Cette dernière nous réprimande d’être encore dehors à cette heure aussi tardive et nous raccompagne jusqu’au campement….

Le lendemain, lors d’une promenade sur la plage, nous découvrons des empreintes de puma. Nous décidons de les suivre en nous aventurant dans les canyons creusés par les eaux tumultueuses de la saison des pluies. A leur sortie, les empreintes disparaissent dans la steppe et le rêve de croiser le regard de cet animal de légende s’évanouit.

Monte Leon 5

Pendant notre séjour, nous voyons arriver les « Aléa » puis les Cavagnis à quelques jours d’intervalle pour le plus grand bonheur des enfants. Il s’organise alors des nuits sous la tente, des explorations dans les environs, des jeux sur la plage…. Nous faisons également la connaissance d’un couple belge, Paul et Marie-Alliette, parti à l’aventure en Amérique du Sud pour un an (www.alorsonpart.be) et de leur fille, Wendy, qui les a rejoints pour trois semaines de vacances. Nous passons d’agréables moments en leur compagnie.

Monte Leon 6

Nous quittons le parc avec de bons souvenirs, riches de rencontres et de découvertes.

Nous faisons étape à Piedra Buena, petite ville paisible mais chaleureuse.

Piedra

Puis nous rejoignons la Réserve naturelle de San Julian implantée sur une presqu’île en face de la ville de Puerto San Julian. Un bivouac de rêve sur la plage nous permet d’observer chaque jour à marée haute des toninas (dauphins de Commerson), petits dauphins noirs et blancs, tandis que la marée basse dévoile des œufs de raies et même un nudibranche, minuscule mollusque ressemblant à une limace.

San Julian 1

Plusieurs parties de pêche pour François et Manao se soldent par un fiasco complet alors que les pêcheurs tout proches sortent poisson sur poisson… Alors une belle session de cerf-volant entre père et fils pour oublier cette cuisante défaite.

San Julian 2

En quittant ces lieux, nous rencontrons des nandus et des tatous sur les bords des pistes.

San Julian 3

Lorsque nous recevons la confirmation par mail de la croisière de 15 jours dans les canaux au départ d’Ushuaïa à partir du 1er mars, deux alternatives s’offrent à nous:
soit une version tranquille avec des distances raisonnables et dans ce cas nous prenons dès à présent la route vers le sud en repassant par l’ouest et la Cordillère des Andes. Cette solution nous permet d’éviter de trop longues distances mais nous oblige à repasser dans des endroits que nous avons déjà traversé.
soit une version nous permettant de continuer de découvrir de nouveaux lieux et d’atteindre l’île de Chiloe 1200kms plus au nord sur la côte Pacifique.
Nous optons pour cette seconde solution.

Une première longue étape de 400kms nous permet de rejoindre Rada Tilly, cité balnéaire que nous avions appréciée lors de notre trajet vers le sud. La belle plage et le soleil rechargent nos batteries et nous goûtons avec joie aux jeux aquatiques.

Rada Tilly

Une seconde étape de 600 kms relie la côte Atlantique à la Cordillère des Andes au niveau d’Esquel.

Du 2 au 10 janvier 2015

Au sud de l’Amérique du sud il y a l’Argentine, au sud de l’Argentine la Patagonie, au sud de la Patagonie la Terre de feu et au sud de la Terre de feu, Ushuaïa.
Pourquoi est-ce un endroit mythique pour nous? Peut-être un peu à cause de Mr Hulot… Ou bien, en tant qu’ amateurs de cartes de géographie, parce qu’il correspond au bout du bout, à l’extrémité la plus australe du continent américain et même du monde entier… Nous ne sommes qu’à 1000km de l’Antarctique…
Les Argentins ont décider d’exploiter largement ce potentiel en faisant d’Ushuaïa « la ville du bout du monde ». Les panneaux devant lesquels immortaliser son séjour sont nombreux et pris d’assaut ; l’office de tourisme tamponne les passeports et délivre des diplômes pour les chanceux ayant atteint la « fin du monde »…

Ushuaia 1

Cependant l’Argentine a un peu joué sur les mots. Ushuaïa est certes la « ville » la plus australe de la planète mais le territoire le plus austral avant l’Antarctique appartient aux Chiliens qui possèdent l’extrémité sud de l’archipel de Terre de feu et notamment le célèbre Cap Horn. Les Chiliens ont décidé de ne pas jouer à la guerre touristique pour le moment et le bourg de Puerto Williams qui est situé au sud du Canal de Beagle à quelques encablures d’Ushuaïa reste plus authentique et préservé. L’accès à ce paradis des amateurs de trekking et de grands espaces reste complexe, sélectionnant les plus motivés.

Nous nous attendions à une ville touristique et sans charme que nous avions décidé d’atteindre pour nous dire que nous avions atteint le bout du bout. Nous sommes cependant agréablement surpris par la nature environnante. La ville en elle-même n’a rien d’exceptionnel mais elle n’est finalement pas plus laide que les autres villes argentines traversées jusque là. C’est un assemblage de rues perpendiculaires, de maisons récentes et sans charme, une ville de taille moyenne, à l’histoire courte et qui a grandi trop vite en misant sur un tourisme haut de gamme. Cependant, elle est nichée entre mer et montagnes au milieu d’une nature brute. Nous ne cessons d’admirer les sommets enneigés qui surplombent le port où se croisent, dans un incessant mais tranquille va-et-vient, paquebots immenses et voiliers tourdumondistes, bateaux militaires et chalutiers . Sa position stratégique en fait l’un des points de passage obligés des touristes de l’Antarctique.

Au cours de notre séjour nous déambulons dans la rue principale d’Ushuaïa bordée de boutiques de souvenirs et de magasins de sport puis passons deux demi-journées dans le Musée maritime abrité par l’ancien pénitencier. Ce musée est un véritable bric-à-brac. On y trouve côte-à-côte des salles consacrées à la découverte et à la colonisation de la Terre de feu, à la Guerre des Malouines, à l’exploration de l’Antarctique, aux Yamanas (anciens habitants de la Terre de feu décimés par l’effort conjugué des colons et des maladies importées) ou encore aux grands pénitenciers à travers le monde… Bref, de quoi occuper quelques après-midi pluvieuses !!!
Finalement, le plus impressionnant dans ce musée c’est le bâtiment lui-même, cet ancien pénitencier dont une partie est restée en l’état afin de rendre compte des conditions de détention jusqu’en 1947.
En construisant un pénitencier dans ces contrées éloignées en 1902, les Argentins pensaient accélérer la colonisation de cet espace inhospitalier. La tentative s’est révélée un échec et les bagnards ont longtemps été plus nombreux que les habitants.
Nous rencontrons également 2 jeunes nantais partis pour un tour du monde de 2 ans en tandem!!!!! http://letandemdunreve.com/

Ushuaia 3

Nous n’avons réalisé qu’en y arrivant à quel point l’Antarctique était proche d’Ushuaïa. Pendant quelques jours nous nous sommes même mis en tête de profiter de l’occasion qui ne se représenterait pas de sitôt… Le programme des excursions est alléchant et les avis unanimes pour dire que l’expérience est magique et les paysages à couper le souffle !! Cependant les tarifs pratiqués ont rapidement eu raison de nos rêves. Il faut compter au moins 5000 dollars US par personne (environ 3000 euros) pour 10 jours à bord d’un paquebot voguant vers le Continent blanc !!! Multiplié par 5, cela correspond au budget d’un an de voyage !!! Tant pis, ce ne sera pas pour cette fois … Pourtant les enfants, après mûres réflexions, avaient accepté d’écourter notre voyage (« Trois ans au lieu de quatre ça ira. » avait fini par arbitrer Manao), de nous donner le contenu de leur tirelire et même de se passer d’argent de poche pour les années à venir… La seule chose qui les a vraiment fait hésiter c’est de devoir choisir entre l’Antarctique ou un éventuel voyage en France pour revoir la famille pour quelques mois.
Pour aller jusqu’au bout de notre idée, nous avons même arpentés le ponton du port de plaisance, essentiellement occupés par des voiliers français, en espérant trouver un équipage en partance pour l’Antarctique à la recherche d’ une famille de mousses. Mais peine perdue…

Ushuaia4

Nous avons cependant rencontré Bernard au bord de La Cardinale qui nous a proposé une belle croisière entre Ushuaïa et Puerto Montt pour le mois de mars. Rien n’est fait mais nous sommes emballés par l’idée… A voir !!

Autour d’Ushuaïa, chaque espace naturel, chaque estancia est l’objectif d’une excursion organisée par des tours opérateurs. En fait, pas beaucoup d’endroits exceptionnels mais quelques balades agréables :
– le glacier Martial : qui n’a de glacier que le nom mais qui permet d’avoir une belle vue sur la ville,

Ushuaia2

– le Parc National Tierra del fuego (entrée gratuite le soir après 20h) où nous passons deux nuits au bord d’une rivière (camping libre près du Lago Verde) avant d’être chassés par le mauvais temps,

Ushuaia5

– la côte longeant le canal de Beagle à l’est de la baie d’Ushuaïa : magnifique vue sur la ville et couchers de soleil sur la baie. Belle balade jusqu’à l’estancia Tunel dont les terres se jettent dans la mer. Un endroit bucolique et suspendu dans le temps.

Ushuaia9

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Après une semaine passée à Ushuaïa et ses environs , des tergiversations à n’en plus finir sur une éventuelle excursion en Antarctique, c’est finalement le mauvais temps qui aura le dernier mot et qui nous chassera de la « ville du bout du monde ». Pas de regret d’être arrivés jusque là , pas le souvenir d’un endroit magnifique mais une ville aux multiples facettes qui nous laissera un goût d’inachevé. Nous reprenons la route en croisant les doigts pour avoir la chance de revoir cet endroit pour une croisière de rêve et avec des envies de soleil et de chaleur !!!

Ushuaia6

Ushuaia8

Terre de feu: du 19 décembre au 2 janvier

Pour gagner la Terre de feu qui est une grande île, deux possibilités s’offrent à nous: prendre le ferry à Punta Arenas pour une navigation de trois heures mais à un tarif prohibitif (environ 100 euros) ou gagner Punta Delgada à 165km de Punta Arenas où les tarifs sont plus accessibles et la traversée plus courte (20 min pour 20 300 pesos chiliens environ 30 euros). Tout bien calculé, nous optons pour la seconde solution.

La Terre de feu est un immense territoire (équivalent à l’Irlande), partagé entre l’Argentine et le Chili. Du côté chilien, la ville principale, Porvenir (5000 habitants) est située juste en face de Punta Arenas dont elle est séparée par le Détroit de Magellan. Du côté argentin, trois villes: Rio Grande, Ushuaïa et Tolhuin. En dehors des villes, d’immenses espaces de plaines et de collines, de forêts et de lacs appartenant à des estancias.

01_SOLEIL

Dans ces conditions, il est parfois compliqué de trouver des bivouacs improvisés au bord des routes, les terrains étant grillagés. Nous apprécions cependant ces grands espaces sauvages et inhabités. Outre l’éternel guanaco, les espèces animales peuplant ces territoires ont été introduites par l’Homme avec des conséquences souvent négatives : castor, mouton et truite sont devenues des espèces invasives.

Notre découverte de la Terre de feu débute du côté chilien. Nous longeons le Détroit de Magellan jusqu’à Porvenir puis faisons le tour de la Bahia Inutil, une large baie au bord de laquelle s’est installée une colonie de manchots rois. Plus petits que les manchots empereurs, les manchots rois ressemblent cependant à leurs cousins d’Antarctique. Nous les observons silencieusement pour ne pas risquer de les effrayer. Cette colonie semble avoir quelques difficultés de reproduction et c’est la période d’incubation. Un repli caractéristique au bas de l’abdomen de certains manchots nous révèle la présence d’une vingtaine d’œufs.

02_manchots

Nous poursuivons notre route en longeant toujours la mer et tentons une incursion dans le Parc naturel Karunkinka. L’état de la route ne nous permet pas de pénétrer très avant dans le parc en camping car mais nous poursuivons à pied. C’est l’occasion d’une belle balade sur une route escarpée surplombant la mer, isolée au bout du monde, au milieu d’un paysage tourmenté par les vents violents qui sévissent ici. Le retour sur la plage nous permet de récolter les trésors et les déchets déposés par la mer. Nous trouvons un crâne de lion de mer auquel nous arrachons les canines pour les mettre en pendentifs aux enfants.

Karunkika

NOUS

Nous devons continuer notre route pour être à temps au rendez vous fixé avec les « Alea sans aleas  » pour fêter Noël au bord du Lago Blanco. Nous nous permettons cependant une halte au bord du Rio Grande, une rivière réputée pour la pêche à la truite. Très grand bien nous en fait car François sort de l’eau deux beaux poissons qui nous serviront de déjeuner. Il est très fier de sa première pêche et les enfants sont surexcités!!

Peche

Nous retrouvons comme prévu Alexandre, Agnès, Louann et Eline au bord du Lago Blanco où nous passons quatre agréables journées et surtout Noël. Ils ont négocié, avant notre arrivée, l’usage, pour le Réveillon, d’une grande salle avec cuisine appartenant à une association de pêcheurs qui possède quelques cabanes au bord du lac. Nous avons de la place pour être tous ensemble à l’abri, le luxe!!

02_Réveillon

François et Manao, qui ont maintenant chacun une canne à pêche, taquinent la truite. Quelle fierté pour Manao lorsqu’il sort son premier poisson!! Il est par contre beaucoup moins fier lorsqu’il s’agit d’assommer sa prise… Nous nous régalons d’une salade tahitienne quelques heures seulement après son exploit. Elle a un goût de soleil et de lagon turquoise. Le bonheur!!

01_peche miraculeuse

Alexandre nous apprend à fumer le poisson avec un astucieux dispositif fait maison. Nous dégustons de la truite fumée et nous prenons un peu pour des trappeurs.

Ça y est, c’est l’été depuis quelques jours mais il fait un peu frais et le vent ne faiblit pas. Seule la longueur des journées nous rappelle que nous passons Noël en hémisphère sud. Le soleil se lève vers 5h30 et ne se couche pas avant 23h. C’est le première fois que nous servons le dîner de Noël en plein jour.

En Argentine les habitudes de Noël sont assez différentes des nôtres. Le dîner ne commence qu’à 23h et les cadeaux sont offerts à minuit. Au menu d’un typique Noël argentin, une grande quantité de viande grillée (très bonne d’ailleurs) sans accompagnement.
Au menu pour nous, truite fumée maison, pain maison et quelques amuse gueules. La truite prévue pour la suite est de trop et nous attendrons le lendemain. En dessert, gâteau marron-chocolat. Miam…
Nous entamons une promenade digestive le lendemain midi à la découverte des castors présents sur l’île. Ces animaux importés du Canada représentent une menace sur l’écosystème qu’ils détruisent en créant de très nombreux barrages. Mais les réalisations et les traces de leurs exploitations prouvent leur ingéniosité et leur technique.

03_castor

Après ces quelques jours festifs, nous reprenons la route en direction des lacs Deseado et Fagnano pour tenter encore quelques prises. Tout le monde se prend au jeu et malgré notre insuccès, nous passons quelques agréables journées ensoleillées.

03_montagne

01_col enneigé

02_activités diverses

04_activite 2

Nos découvrons un endroit magnifique et isolé en poursuivant la route jusqu’à la mer et au fjord Seno Almirantazgo. Là, au bord de l’eau, une ancienne estancia rachetée par une famille de Punta Arenas pour en faire une maison d’été. Nous sommes invités à y déjeuner un saumon fraîchement pêché par Julio, fils des propriétaires, qui passe là ses trois mois de vacances. Lorsque nous apprenons que les propriétaires cherchent des personnes susceptibles de garder la maison pendant le long hiver nous nous proposons sans réfléchir. Après tout nous nous interrogions justement sur la vie hivernale en Terre de feu. Quoi de mieux que de l’expérimenter? Ici le confort est rudimentaire et les moyens de communication inexistants. En cas de problème urgent, des militaires ont un campement à 18km… A voir donc. Rien n’est décidé mais nous sommes très tentés par cette expérience pour un mois ou deux, quitte à redescendre en avion.

05_estancia Caleta Maria

Sur le chemin du retour, nous avons la chance d’observer un castor en pleine action. Il coupe en 3 mns un petit arbre puis part avec un nouvel élément de son barrage à travers un réseau impressionnant de canaux, des tunnels… Difficile de le suivre.

06_Castor

Le passage de la frontière chilo-argentine est un peu folklorique puisque le trajet le plus court traverse une rivière franchissable seulement par temps sec. Malgré la fine pluie qui a débuté quelques jours auparavant nous tentons notre chance. Malheureusement la rivière est infranchissable et nous devons faire un détour de près de 200 km.

Nous passons rapidement à Rio Grande, le temps de faire les pleins d’eau, de diesel et de victuailles en vue du réveillon du 31 décembre à venir. Nous décidons avec les « Alea sans aléas » de ne pas pousser jusqu’à Ushuaïa où nous craignons l’affluence et de nous arrêter à Tolhuin à l’extrémité est du Lac Fagnano. Là, nous découvrons un camping improbable et déjanté dont la salle commune sera parfaite pour accueillir notre réveillon. Les enfants adorent et courent partout entre les tipis et les cabanes en bois décorés avec des objets de récupération.

01_camping

Ils se font rapidement des copains et tout le monde passe à l’atelier maquillage.
Au menu du réveillon: waterzoi de poulet.

02_Jour de l'an

03_jour an

Nous restons le lendemain dans cet endroit improbable et ne voyons que peu les enfants qui sont ici au paradis. Le temps est fluctuant, comme il a coutume de l’être dans ces contrées, mais nous profitons de belles éclaircies pour commencer à déjeuner dehors avec nos voisins argentins rencontrés là.

04_camping2

Les grands comme les petits se prennent au jeu!!!

05_jeux

Le 2 janvier nous reprenons la route en direction d’Ushuaïa. C’est une étape importante pour nous, l’extrême sud de notre périple et la promesse de remonter enfin vers la chaleur qui commence à nous manquer.

24 au 30 novembre:

Six jours au paradis argentin des randonneurs, alpinistes et autres gravisseurs de montagnes. Très peu d’argentins mais des Européens à profusion (Français en tête).
Plusieurs sentiers accessibles permettent de s’approcher au plus près du Fitz Roy et du Cerro Torre, les deux massifs mythiques du parc.

Nous retrouvons Joelle et Thierry comme convenu, heureux de retrouver Quentin.
Notre route croise à nouveau celle des « Alea sans aleas » avec lesquels nous prévoyons de passer Noël dans les environs d’ Ushuaïa, ainsi que celle des « Jealou tour » qui poursuivent quant à eux vers le nord. Nous rencontrons également deux nouvelles familles de voyageurs au long cours : les Cabanis et « Tincantruck ». De nouveaux moments conviviaux pour tous et une joyeuse bande d’enfants qui parcourt les sentiers de randonnées avec entrain.

Belle équipe

Nous nous faisons plaisir avec de magnifiques randonnées !!!
La première, de 22km , nous amène au pied du Fitz Roy dont nous avons la chance d’admirer la cîme dégagé. Magnifique balade au milieu de paysages sublimes et belle ascension jusqu’à la neige !! Les enfants, entrainés par le groupe, ne réalisent même pas la difficulté du chemin. Ils rentrent fatigués mais récupèrent aussi vite !!

Fitz Roy1

Fitz Roy2

La dernière, qui nous mène au pied du Cerro Torre, est aussi longue mais le dénivelé est moindre. Par contre, nous décidons de partir à 4h30 du matin pour admirer les lumières de l’aube sur les montagnes. Quelle folie !! Il fait très froid (8°C) et les enfants initialement motivés perdent tout entrain après notre première pause un peu prolongée pour le petit déjeuner. Sabah hésite mais décide malgré tout de poursuivre, pugnace. Nous avons du mal à nous réchauffer et accueillons le soleil avec un réel bonheur. François, qui porte Naoki la plupart du temps, est exténué et s’endort pour une petite sieste réparatrice avant de débuter le chemin retour. Celui-ci est une réelle partie de plaisir, les souffrances de l’aller vite oubliées sous la douce chaleur. Les enfants sont contents d’eux et satisfaits d’avoir surpassé leur souffrance. Pour nous remettre de notre effort, nous nous retrouvons devant de délicieuses gaufres. Après une courte séance de mathématiques, tout le monde est exténué !! Belle et longue journée !! Les enfants ont l’autorisation de regarder un petit film pendant que les parents font la sieste à tour de rôle…

CERRO TORRE

CERRO TORRE 2